mercredi 17 mars 2010

LA SCENE DU MASSACRE : LES PHOTOGRAPHIES DE CINDY SHERMAN

Le tableau du massacre des prétendants abordé hier est prometteur. Il sera d'autant plus réussi que la vision des cadavres sera saisissante pour le spectateur, créera un malaise mêlé d'effroi : oeil figé, corps démantibulé, etc.
Dans cette optique, le travail de la photographe contemporaine américaine Cindy Sherman (elle est née en 1954) peut constituer une source d'inspiration.
La spécificité de son travail, c'est qu'elle se met soigneusement en scène en s'affublant de postiches, perruques, maquillages dans des compositions dérangeantes qui questionnent notamment la place assigné à la femme et la part du simulacre et du masque dans la société et les mass-médias contemporains.
Sa série des Untitled Film Stills (1978), où elle pastiche les photographies de plateau des films américains de série B des années 1950 peut nourrir votre imaginaire et vos propositions.
Mais il est intéressant de découvrir son travail, au-delà même du prétexte de notre création, tant elle fait partie des plus grands photographes et artistes de sa génération. Sa récente série de Clowns, par exemple, est très puissante : elle provoque un rire grotesque, un rire étranglé, un rire d'effroi.

samedi 13 mars 2010

Casimir et Caroline par Demarcy-Motta : quelques pistes pour l'analyse de spectacle

Les pistes ci-dessous ne sont pas exhaustives mais elles sont incontournables.
Elles confirment qu'il est décisif de posséder un bagage culturel et esthétique suffisant pour percevoir les références, allusions, citations à certains mouvements ou artistes que manque rarement de ménager une oeuvre artistique pour en mesurer les effets et les enjeux de signification et mieux en comprendre l'intention.
1. La question du contexte historique
Il devrait être possible de montrer que Demarcy-Motta, contrairement à Koek/Simons, prend le parti de bien ancrer la pièce dans son contexte historique : celui de l'Allemagne du début des années 1930, notamment à travers les costumes (cf les costumes des deux policiers, d'Eugène, etc.) et des allusions très précises à l'art de l'époque (la séance de cinéma renvoie à un mouvement artistique que je vous laisse le soin d'identifier), à l'esthétique des années 1930 (le jeu des ombres, etc...) voire à des artistes précis (les noms de Lang et Murnau sont cités, montrez que le personnage d'Eugène renvoie à M le maudit, film culte de Lang qui date de 1931 t qu'il est impératif d'avoir vu au moin sune fois dans sa vie).

Peter Lorre dans M le Maudit, Firtz Lang, 1931

2. La question scénographique

Décrivez le dispositif scénographique.

Montrez la différence des partis pris scénographiques concernant la représentation de la foire et des attractions foraines entre Simons et Koek d'une part et Demarcy-Motta d'autre part : quelle(s) place(s) nouvelle(s) tiennent les attractions, les manèges, les échoppes et le moment de l'exhibition des monstres de foire ? Comment interprétez-vous ce choix ?

Il est intéressant aussi de réfléchir sur l'importance de certains figures géométriques dans la scénographie : montrez notamment l'importance du cercle, figure particulièrement déclinée, et commentez sa signification.

Commentez l'épisode du cheval.

L'échafaudage qui occupe le fond de scène est surmonté de fils barbelés : comment l'interprétez-vous ?

3. La musique, le son, les chansons

Quelle place tiennent-ils dans la pièce ?

Les chansons vous paraissent-elles apporter joie, harmonie, légèreté ?

SCOOP : la chanson de la comédie musicale

A parler/chanter à la manière de Jacques Demy...

Pénélope
Le saisissement est dans mon âme,
Je ne puis prononcer un mot ni questionner
Ni même le regarder en face

Ulysse
Parce que je suis sale et couvert de haillons,
Elle ne peut me respecter ni croire que c'est moi

Pénélope
Mais, si c'est vraiment Ulysse...

Ulysse
Parce que je suis sale et couvert de haillons,
Elle ne peut me respecter ni croire que c'est moi

Pénélope
Mais, si c'est vraiment Ulysse rentré chez lui,
Nous nous reconnaîtrons l'un et l'autre sans difficulté
Car il est entre nous certains signes cachés
Que nous sommes seuls à connaître.

Ulysse
Parce que je suis sale et couvert de haillons,
Elle ne peut me respecter ni croire que c'est moi

Pénélope
Malheureux, ce n'est point indifférence ni hauteur
Ni dépit de ma part : je sais ce que tu fus
Quand tu quittas Ithaque sur la barque aux longues rames

Ulysse
Ô femme !

Pénélope
Portez le lit solide hors de la chambre
Garnissez-le de toisons, de manteaux et de draps chatoyants.

Ulysse
Femme, ce mot que tu as dit m'a meurtri l'âme.
Qui donc a déplacé mon lit ? C'eût été malaisé
Même au plus habile homme...

Pénélope
Ne m'en veux pas Ulysse...

Ulysse
Car il est un secret dans la structure de ce lit:
Je l'ai bâti tout seul
Dans la cour s'élevait un rejet d'olivier feuillu
Dru, verdoyant, aussi épais qu'une colonne.
Je bâtis notre chambre autour de lui,
De pierres denses, je la couvris d'un bon toit.

Pénélope
Ne m'en veux pas Ulysse...

Ulysse
Je coupai la couronne de l'olivier
Et en taillant le tronc à la racine, avec le glaive
Je la planai savamment et l'équarris au cordeau
Pour faire un pied de lit

Pénélope
Ne m'en veux pas Ulysse...

Ulysse
Pour l'achever, je polis le reste du lit
En l'incrustant d'argent, d'ivoire et d'or.
Voilà le secret dont je te parlai ;
Mais je ne sais si mon lit est encore en place,
Ô femme, ou si déjà un autre, pour le déplacer,
A coupé la racine.

Pénélope
Ne m'en veux pas, Ulysse, toi qui fut toujours le plus sensé des hommes :
Les dieux nous ont élus pour le malheur,
Nous enviant la douceur de rester auprès l'un de l'autre
Pour goûter la jeunesse et atteindre le seuil de l'âge.
Et aujourd'hui, ne va pas te fâcher ni me blâmer
De ne pas t'avoir tout de suite ouvert les bras !
En effet, tout au fond de moi, mon coeur toujours
Redoutait que quelqu'un ne vint ici pour me tromper
De ses discours : il en est tant qui ne pensent qu'à mal !
Maintenant que tu m'as décrit le signe indubitable
De notre lit qu'aucun mortel n'a vu,
Mon coeur est convaincu.

Ulysse
Ô femme, viens, allons au lit, pour qu'enfin
Etendus, nous goûtions aux douceurs du sommeil...

Pénélope
Ton lit te recevra aussitôt qu'il plaira
A ton âme !