mardi 30 novembre 2010

Autour de l'acte I de L'Acte inconnu : recherches dramaturgiques personnelles

Travailler un texte sur le plateau n'exclut pas les recherches personnelles, bien au contraire.
Ainsi, en fonction de sa partition une démarche dramaturgique autonome et une curiosité bien placée devraient vous conduire à fouiller tous les recoins et à s'acharner à comprendre les références ou les allusions qui vous échappent.

Par exemple, en deux clics, on peut éclairer la citation "Una furtiva lagrima" (n'est-ce pas Jane ?).
Un clic wikipedia nous apprend qu' "Una furtiva lagrima (littéralement « Une larme furtive ») est une romance pour ténor issue de l'opéra L’Élixir d’amour de Gaetano Donizetti de 1832. Cet air est le passage le plus célèbre de l'œuvre dont il constitue le sommet1. Il est ainsi souvent repris dans les récitals" et que "Una furtiva lagrima est chantée au cours de la septième scène du second acte. Nemorino a acheté un deuxième flacon à un charlatan, en pensant qu'il contient un élixir d'amour capable de lui gagner le cœur d'Adina, une riche propriétaire. Pour payer cette nouvelle dose, Nemorino s'engage dans l'armée. Adina croit qu'il s'est engagé pour elle. Nemorino ne lui prête pas d'intérêt, Adina en pleure. Nemorino prend ces larmes pour le signe de son amour. Il chante sa joie d'être aimé."
Un clic "images" nous conduit très vite à Pavarotti entonnant le fameux air au Royal Albert Hall en 1982 :

Un clic pour "chantre" vous confirmera la dimension sacrée voire religieuse ou mystique du texte de Novarina (n'est-ce pas MArine et Cynthia ?)

Un clic sur Hamlet (ou la lecture de la pièce, encore mieux) vous éclairera sur la séquence "Où en est la nuit ?" et même sur des phrases aussi absconses a priori que "le spectre de ma mire"... (N'est-ce pas Nataly, Marine ou Charlène ?)

Un clic sur Mantegna, Le Christ mort... etc... etc...

Encore faut-il les faire, ces clics !

Je vous rappelle qu'à l'entretien du bac, rien n'est pire que de se retrouver piteux devant le jury sans pouvoir expliquer une référence évidente ou un terme clef de sa propre partition !!!

ESCHYLE : LE COUP D'ENVOI



Le démarrage de l'étude de l'Agamemnon d'Eschyle est différé d'une semaine, mais ce retard à l'allumage me permet de faire ces précisions dans la perspective du contrôle de lecture du merc 8 décembre :
La lecture en est difficile pour plusieurs raisons, auxquelles je vous propose d'apporter les remèdes suivants :
1) c'est une tragédie grecque, qui repose sur une théâtralité oubliée : il faut commencer par faire le point sur les conditions et le lieu historiques de représentation, sur la composition d'un spectacle tragique, sur comment il était joué pour mieux comprendre.
Remèdes :
- le cours de l'an dernier sur Médée
- les pages 6 à 12 de la brochure CNDP
- les pages de l'indispensable Histoire du théâtre dessinée d'André Degaine (Nizet éd, 1992 : il est au CDI) que je vous ai transmises et celles-ci en sus :

2) C'est une traduction et la langue d'Eschyle est dense, complexe, poétique, parfois opaque
Remède :
- consulter ou lire une autre traduction par exemple celle de Debidour en folio souvent plus claire et accessible que celle de Mnouchkine
3) c'est une histoire qui puise dans une mythologie ancienne à laquelle Eschyle se contente de faire allusion et que vous maîtrisez mal :
Remèdes :
- lisez la page de Degaine sur la famille des Atrides
- lisez les pages 13 à 16 de la brochure
4) C'est une pièce étrange où il ne se passe rien ou presque, où le Choeur tient la plus grande part et qui est composée selon d'autres principes que l'intrigue
Remèdes :
- lisez le "plan de l'Agamemnon", p. 16 de la brochure et l'analyse de la dramaturgie et de la composition p. 17 à 21


NB : une partie des questions portera sur ces connaissances historiques indispensables : potassez, fichez, mémorisez les termes techniques, les dates, etc.
L'autre partie concernera la pièce proprement dite.

jeudi 25 novembre 2010

Journal de bord du 25 Novembre 2010 séance n°8


Journal de Bord du

23 Novembre 2010 séance n°8

Pour cette 8ème séance, nous avons enfin retrouvé Marc, que nous avons débriefé à propos de Klaxon pendant la première heure. Plusieurs questions sur la mise en scène, le choix des acteurs, le financement de la pièce, etc., lui ont été posées.

Première heure :

(Et question personnage ?)

Antonio/Rosa : Marc nous a expliqué que l'acteur jouant le personnage d'Antonio disposait d'une grande liberté de jeu. Le choix de Gilles pour Antonio ayant déjà du clown avait donc déjà certaines faculté à produire du clownesque. De plus son physique (Visage + Corps), souple et élastique, d'une grande mobilité semblable au visage de Dario Fo. Marc souhaitait mettre en évidence le paradoxe entre le corps allongé, fin et souple d'Antonio et celui de Rosa petit et robuste, formant une complétude entre les deux personnages. Pour Marc la question du corps est essentielle, il s'agit de montrer des "vrais corps" dans leur beauté naturelle en contraste avec les corps artificiels (comme celui du professeur en chirurgie maxillo-facial). Le coté animal du corps est souhaité au premier plan, le corps qui "su, pu, postillonne".

-Luccia /La juge : Pour les personnages que joue Milena qui avait jusque là toujours incarné des rôles de "vielles" le personnage de la Juge collait très bien. En revanche pour Luccia la tache était plus compliquée, car ce personnage étant le plus réaliste et donc le plus proche du spectateur, la question de la véracité du personnage était d'autant plus présente comparé aux autres personnages beaucoup plus "typés".

-Le professeur : Pour Anne Dupuis qui incarne le personnage du professeur en chirurgie réparatrice, le coté horreur est recherché. Inspiration du film Les yeux sans visage de Georges Franju. La chirurgie est monstrueuse tellement poussée à l'extrême qu'elle en devient repoussante. Certains spectateurs se demandent si c'est son vrai visage provoquant une attirance malgré l'horreur qu'elle représente. En réalité le masque démasque, le fait de masquer montre quand même quelque chose sur nous, en voulant cacher une chose on en montre une autre.

(Scénographie ?)

Marc nous a également parler de la complicité entre acteurs, du fait qu'ils s'entraidaient en coulisses (à vus). Il n'y a pas un acteur au service de l'autre, tous se mettent à contribution pour l'installation de décor, costume, masque. "Ce qui se passe en off est génial" - Marc. Nous avons mentionné notre surprise suite au fait de la première apparition d'Antonio, on ne savait si c'était un technicien (puisque nous étions en répétition) ou un acteur. Alors que la pièce suivait son court l'apparition d'Antonio provoque une rupture épique, qui en surprit plus d'une! Le fait que chaque acteur détient minimum deux rôles renforce l'intrigue principale de la double identité. Cela permet aussi que tous les acteurs soient constamment sur le grill, racontant l'histoire ensemble. Malgré quelques explications nous n'avons pas trouvé la signification de la chanson. Elle se situe pile entre l'Acte 1 et l'Acte 2, avec comme indication: " Noir musique ". Le choix de mettre les coulisses à vus, (effet bricolo) et Klaxon du stéréotype du théâtre, les acteurs sont constamment au travail / Odyssée (nous étions toujours présente quelque soit la scène).

Nous nous posions également des questions quant à la fonction de la statue représentant la tête d'Agnelli, inspiré par les PEZZ et par le futurisme italien des années 30.

Le but n°1, donner envie de revenir au théâtre, cassé l'image traditionnelle et sérieuse du théâtre. Le "cafouillis" du début est volontaire pour "réveiller" le texte de l'hôpital, cet effet désarçonne les gens, les fait rires et leurs donnent envie de revenir.

Suite et fin :

Pour les dernières heures nous avons donc repris le travail que nous avions laissé. Nous avons retravaillé la première partition de L'Acte inconnu (le Déséquilibriste). "Notre starting-block" => les bassines dont nous devons nous tenir prête à en sortir pour entrer sur le plateau en restant dans une dynamique de jeu puisque nous sommes constamment à vue. Le Déséquilibriste commence par présenter les personnages au fur et à mesure qu'ils entrent sur le plateau puis fini par être dépassée par la rapidité du flux de "personnages". Les "créatures" doivent faire face au public afin de se présenter tout en sonorisant leur passage; elles doivent aussi tracer leur cheminement en évitant l'effet d'"essuie-glace", le moment de passage peut durer et doit laisser une trace de celui-ci (écrire sur le sol à l'aide des matières).

Nous avons poursuivi avec la chanson qui a quelque peu évolué en passant d'une incantation à un chant plus joyeux (il faut donc changer la partition de musique => flûte). Puis nous avons travaillé le dialogue entre Nataly et Jane et les veilleurs (Marine et Charlène), l'investissement du corps plus présents avec l'observation du "trou", et les déplacements en réaction avec le texte. On revient souvent au corps.

Nous avons eu l'occasion de mettre en application les différentes consignes de la semaine précédente : - Bien prendre ses appuis

- Extérioriser (faire comme si nous parlions à mille personnes)

- Ne pas sentimentaliser

- Se concentrer sur le langage et ses sonorités

Ensuite l'énumération des différentes villes faite par Anastasia fut travaillé : De chaque côté du plateau se trouve la population d'une "ville" qui réagit à l'appel de celle-ci, de manières différentes pour chaque. Il faut vraiment différencier les différentes villes sinon on s'ennuie rapidement. Il faut chercher la marque de fabrique de chaque ville. Le cri de guerre. L'hymne.

Nous avons ensuite travaillé sur la didascalie " Passage d'un mort ". Nous portons toutes Nataly à bout de bras, très lentement, tel un cortège religieux de part et d'autre du plateau. Alice puis Nataly prononcent leurs partitions et laissent sur le plateau Cynthia et Marine qui entament la leurs. Cela produit un ralentissement général du rythme de la pièce, qui était jusqu'alors souhaitée dynamique, avant de reprendre de plus belles avec la partition suivant. On peut considérer ça comme une rupture épique semblable à celle dans Klaxon. Quelques références religieuses imagent cette didascalie, Piéta de Léonard de Vinci et celle de Michel Ange



Christ mort de Mantegna









La partition des chantres basée sur essoufflement et l'énumération a été traversée avec le duo Cynthia / Marine; le jeu de Cynthia durant la partition des éléments dite par Marine a changé : au lieu de réagir à la vision des éléments elle les incarne et inversement Marine incarne la partition de Cynthia. Le Chantre 1 et le Chantre 2 forment un duo agissant avec complétude.

Définition chantre : 1 - Personne qui chante aux offices religieux.

2 - Poète, principalement poète épique ou lyrique.

3 - Personne qui glorifie, loue quelqu’un ou quelque chose.

Personnelle :

Durant cette 8ème séance lors du travail des Chantres nous avons travaillé sur une sorte de dialogue entre le Chantre 1 et le Chantre 2. Étant le Chantre 2 j’ai une importante partition de texte à apprendre. Partition incohérente, et donc difficile à mémoriser, mais pour cela j’ai trouvé une astuce qui à ma surprise tape dans le mille du sujet Novarinien, j’ai traduit intégralité de ma partition en une sorte de rébus. Je me suis souvenue nos première séance sur Novarina, nous parlions alors de lecture imagée, physique… Quand j’ai lu Novarina je n’y comprenais rien, mais j’y voyais tout. Dans ma tête les images diffusaient au fil de ma lecture. C’est cette sensation que j’ai voulu reproduire pour m’aider dans la mémorisation du texte. Cela ma aussi fait penser à Apollinaire qui dès 1912 écrivait ses premiers « poèmes visuels ». Apollinaire cherchait à peindre les mots. Pour revenir à nos moutons, répéter mon texte devenait donc plus facile. Lors de mon passage sur le plateau, ma partenaire Chantre 1, Cynthia devait incarner mon texte que je récitais, cela m’a rappelé les rébus qui prenaient vie tout à coup. Je préférais l’avoir dans mon champ de visions, au début j’étais presque au même niveau sur le plateau qu’elle et je ne la voyais pas bien, ou je me tournais vers elle pour la voir s’articuler au son des mots qui proféraient de ma bouche, c'était comme si j'avais ma partition sous les yeux. Mais j’en perdais donc le spectateur que je ne regardais plus, ça avait moins de sens. Je me suis ensuite placée plus en arrière scène pour pouvoir la voir tout en gardant les spectateurs avec moi. La les choses se passaient, c’est comme lorsque les informations à la télévision sont retranscrites avec un personne parlant le langage des signes pour les sourds et mal entendant ou encore faire le doublage d’un dessin animé. A la fin de ma réplique je sentais mon ventre se regonfler d’un coup, un appel d’air se produisant mon ventre se remplissait. Je le sentais. C’est impressionnant de vraiment sentir qu’on respire... Je veux dire dans la vie de tout les jours ce n’est pas une chose a laquelle on fait attention, mais la on le sent tellement que ce n’est pas possible de pas y faire attention. C’était étrangement localisé sur le ventre, ont aurait pu croire qu’avec le stress du passage sur plateau, tout le monde me regarde … j’aurais pu respirer avec le haut, mais la j’ai du aller chercher de moi-même plus loin, puiser tout l’air que j’avais pour pouvoir finir. C’est étrange de se sentir de l’intérieur, ca me fait penser à l’exercice de la boule rouge que nous fait faire Marc quelque fois pour nous détendre. Une petite boule rouge parcoure notre corps de l’intérieur et nous devons ressentir les tissus et fluides qui se trouvent dans note corps. La c’était la même chose. Ça me fait prendre conscience a quel point le Novarinien est un langage du corps personnelle. Personnelle dans le sens où chacun dispose de son langage personnel, comme pour l’exercice du borborisme qui m’a paru très naturelle, demandant les mêmes efforts physiques, (essoufflement). Je pensais que nous avions tous une langue personnelle. C’est d’autant plus vrai avec cette séance j’avais expérimenté le langage sonore et la je découvre celui du corps. Pas seulement dans sa gestuelle mais aussi dans son fonctionnement ca technique. Pour faire un dernier parallèle, je pense que le corps fonctionne comme un instrument a vent, pour ma part la flute que je joue au début de l’Acte inconnu juste après le passage des créatures appelées par le Déséquilibriste. Sans air le langage n’existe pas, c’est pourquoi il faut aller le chercher le plus loin possible pour pouvoir continuer le message. Novarina je pense nous donne ici un des fonctionnements les plus simple qui soit en apparence mais bien plus complexe lorsque l’on cherche à l’exploiter. Pour L’acte inconnu c’est la base. Pour moi Novarina nous donne implicitement la clef pour pouvoir jouer sa pièce.

Marine Israel

Pour ma part j'ai beaucoup aimé les moments où on s'est attardé sur les "scènes" où j'ai du texte (c'est évident ^^) parce que pour une fois j'ai vraiment eu l'impression d'avancer dans le travaille. Même si le texte ou le reste me parait encore assez abstrait, le fait d'avoir quelques consignes de "jeu" m'a aidé à me rapprocher du texte. Et en relisant mes partitions en rentrant chez moi, j'ai eu l'impression d'être plus concernée par le projet, ce qui n'était pas tout à fait le cas avant. Mais il reste évidement beaucoup de chemin à faire.

Charlène Lecoq