jeudi 25 novembre 2010

Extrait d'analyse du Récit de la servante Zerline

Le Récit de la Servante Zerline mis en en scène par Yves Beaunesne déroule le récit d'une femme, Zerline servante, femme âgée qui a vécu sa vie en fonction des hommes. Elle déroule sa vie devant nous, face à des inconnus. Comment ce long monologue de Zerline nous dévoile t-il la complexité du personnage.

Zerline est une vielle femme qui au début entre dans la chambre d'un homme seul, le locataire. Elle lui dévoile toute sa vie, elle confie ses secrets comme un cadeau qu'elle lui fait. Elle projette sur nous spectateurs la vision de sa vie passée en se tournant vers nous à plusieurs reprises et avec insistance. Elle nous raconte avec émotions ou froideurs les hommes ayant marqué sa vie . Elle devient complexe dès l'instant où elle commence son monologue qui révèle son rapport ambigu avec les hommes. Ceci se réduisent souvent à l'acte charnel et sexuel . On pourrait croire que A est un homme qu'elle cache. Il vit seul dans cette chambre qui lui semble être un refuge en dessous des toitures, il guette la fenêtre, comme un bête enfermé. Elle semble entretenir cet homme beaucoup plus jeune qu'elle, de plus elle semble connaître les lieux familièrement ce qui prouve la récurrence de ses visites. A est souvent situé sur le lit et adopte parfois des attitudes caractéristiques des enfants, notamment lorsqu'elle lui parle de paternité et de l'enfant qu'elle n'a pas eu. A s'apparente alors a celui-ci, elle refait son lit comme si c'était son fils.
Le contact survient entre eux, assise sur le fauteuil, il la dévêtit et la masse, la pièce s'obscurcit et un serpentin s'allume et flamboie. On voit alors la métaphore du désir charnel qui se réveille après tant de temps. La figure d'Oedipe qui épouse sa mère apparaît et entre le thème de l'inceste accentué par le lit l'obscurité ... Zerline devient alors comme une femme qui se fonde sur le désir qu'elle procure aux hommes. Une séductrice éternellement jeune en elle, une succube. Elle ne vit que pour eux. Le jour Zerline est servante et le nuit elle devient une d'un autre type. Ce changement est révélé par la nuit éclairé par la lune, pleine lune? Le trou du toit laisse la lune éclairer Zerline qui s'affole dévoilant les crimes de son passé et sa nostalgie de ce désir perdu. On voit une nouvelle espèce de loup-garou mangeure de mâles. Zerline la louve qui hurle sa solitude à la pleine lune. Elle assume et n'a pas peur de cette image de femme fatale. Pour elle c'est un "honneur" que lui on fait ces hommes. Ce souvenir qu'elle a pu être quelqu'un d'autre qu'une servante doit être préserver. Elle a outrepassé sa condition sociale. "L'âme ne vaut pas cher et sa mémoire et pleine de trous qu'il faut sans cesse raccommoder" Pour elle l'acte charnel, sexuel consenti ou non est un cadeau que lui fait la mort. Ce souvenir qu'elle emportera jusque dans la mort. Qui la fera vivre dans ce désir qu'elle donnait. Une femme monstrueuse de désir. "L'inoubliable est un instant de maturité, c'est l'instant où nous prenons forme", Zerline est une femme moderne, responsable et libre qui s'assume. Néanmoins elle n'est plus que l'ombre d'elle même, elle n'est plus désirable car elle est vielle. Elle apparaît ici de manière spectrale, jeu de lumières. Son manteau se fond dans la couleur du mur, elle devient invisible et transparente pour les hommes. Elle s'efface progressivement dans une solitude alarmante près de la vieillesse et donc de la mort. Un reflet de lumière sur son visage marque une pause dans le récit. Zerline nous montre son visage qui n'a plus sa beauté, elle a perdu son pouvoir, elle n'est plus que monstrueuse. La lumière révèle sa lucidité, la vérité est dévoilée. Zerline est une femme complexe et mystérieuse qui se tapie sous les toits comme un monstre qui ne fait plus peur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire