mardi 15 décembre 2009

Médée encore

Sur les conseils de Souhila, une version très percutante de l'infanticide par le grand chorégraphe Angelin Preljocaj :
La danse va où le théâtre ne peut plus aller : elle parvient à montrer en métaphorisant.
A ne pas regarder avant les huitres...

Choses à faire entre la bûche et le gui

Après cette séance où l'on a vu de belles choses et défini des axes de travail que j'espère clairs, rendez vous à la rentrée avec des propositions reprises, nourries, retravaillées, approfondies, précisées.
Et en sus, deux défis :
1° plus de textes en main ! Tous les textes devront être sus.
2° avoir fini ces 6 premiers tableaux aux vacances de février pour pouvoir passer à la suite
Bises au père Nono.

lundi 14 décembre 2009

Plateau repas

Raoul Ubac La Nébuleuse 1939
Dans le sillage de la photographie de Dora Maar qui a inauguré ce blog, un lien précieux vers un bref et instructif documentaire sur la photographie surréaliste, à voir sur arte+7 pendant encore 5 jours.
http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC=2974442.html
Et n'oubliez pas d'aller voir si vous en avez le temps l'exposition La Subversion des images au Centre Pompidou.

dimanche 13 décembre 2009

Approche du burlesque

Le tuyau jaune enroulé en boucle de La Cantatrice chauve de Lagarce me pousse à vous parler du burlesque.
Car cette présence insolite et voyante est à mon sens un clin d'oeil de Lagarce au burlesque cinématographique dans une mise en scène qui fait par ailleurs des allusions incessantes à l'univers de Jacques Tati.
L'une des premières fictions cinématographiques est en effet un film burlesque de Louis Lumière intitulé L'Arroseur arrosé : le film date de 1895. Un tuyau d'arrosage y joue le premier rôle...

Qu'est-ce que le burlesque ?
Le mot vient de l'italien burlesco, venant de burla, « farce, plaisanterie ». Le burlesque est un art du décalage.
Il est lié aux origines du cinéma : les grands maîtres du burlesque appartiennent à l'ère du muet (Charlie Chaplin, Harold Loyd, Buster Keaton, Laurel et Hardy) même si certains metteurs en scène contemporains ont prolongé leur héritage au temps du parlant - comme Jacques Tati et son Monsieur Hulot ou Blake Edwards - il faut voir ABSOLUMENT The Party dont vous trouverez ci-dessous une scène d'anthologie.

Le film burlesque repose sur un enchaînement de gags qui déclenchent des catastrophes spectaculaires et délirantes. Partant d'une situation simple et quotidienne, le burlesque enfile les événements extraordinaires jusqu'à l'irrationnel sans jamais laisser la cohérence ou la "normalité" s'installer et reprendre ses droits. Le comique qu'il met en place est violent : chutes, coups, bagarres, poursuites.
La charge explosive du burlesque vient de sa dimension corrosive et satirique : agent corrupteur, facteur de désordre, le burlesque est d'essence anarchiste : il remet en cause l'ordre établi, fait tomber les masques et les décors des apparences convenables, affole les représentants de l'ordre social et politique. C'est pourquoi la victime récurrente du gag burlesque est un agent des forces de l'ordre.
Pour le plaisir et l'efficacité de la démonstration, un petit bijou du plus grand des burlesques selon moi : Buster Keaton ou l'art de semer la zizanie dans un défilé de policiers : c'est Cops, et ça date de 1922.

Dans sa mise en scène de La Cantatrice chauve, Lagarce convoque le burlesque par divers procédés : l'allusion cryptée (le fameux tuyau d'arrosage), la citation du cinéma de Jacques Tati (les costumes années 50, le jeu sur les couleurs), le gag visuel (le chapeau de la voisine au-dessus de la haie, l'apparition tronquée du capitaine des pompiers, l'écroulement du décor).
Et c'est par le burlesque qu'il réamorce la charge explosive de la pièce de Ionesco qui s'était diluée et engluée dans la ritournelle d'une mise en scène académique.

vendredi 11 décembre 2009

Plateau repas

On n'oublie pas de faire ses devoirs ce soir en regardant
Le Crime des renards
à 20h30
Starring : Marc Prin !
avec une surprise dedans...
Bande annonce sur le lien suivant :
http://www.dailymotion.com/video/x49pac_le-crime-des-renards_shortfilms

Incendies de Wajdi Mouawad : des documents pour l'analyse


Hier, spectacle et pièce chocs à Sartrouville.
En ce qui me concerne, un mélange d'émotions fortes : je retrouvai aussi un texte que nous avions monté avec Marc et vos prédécesseurs en 1L il y a deux ans et le souvenir de notre travail en surimpression augmentait encore l'intensité d'un spectacle qui fonctionne déjà très bien tout seul.
Pour vous aider à analyser ce travail, animé d'une si belle confiance dans le théâtre et dans l'homme (c'est la même chose...), malgré tout, malgré l'homme lui-même, je compte vous poser quelques questions précises.
Et je vous propose aussi quelques documents qui vous aideront à vous remémorer le spectacle et à réfléchir.
Plusieurs proviennent du Sang des promesses (Actes Sud, Léméac, 2009), un livre regroupant divers documents relatifs à la mise en scène du quatuor Littoral, Incendies, Forêts et Ciels que Mouawad, artiste associé, a présenté dans la cour d'honneur du Palais des Papes en Avignon l'été dernier.
La perspective de retrouver Mouawad l'an prochain avec vous me serre le coeur.

Maquette de la scénographie d'Incendies pour la représentation à la Cour d'honneur du palais des Papes, Avignon, 2009

lundi 7 décembre 2009

Le grotesque

Après le kitsch, un court point sur une notion également difficile à cerner et à définir mais passionnante à creuser et à prendre en compte : le grotesque.
On parle d'abord, non du grotesque comme registre, mais des grotesques : figures ornementales des monuments antiques mises au jour en Italie par les fouilles de la Renaissance, donc retrouvées dans des grottes, et représentant des sujets fantastiques, des compositions capricieuses figurant des personnages, des animaux, des plantes étranges.
C'est à l'instar de ces découvertes qu'à partir du XIVè siècle certains artistes pratiquent le genre et se mettent à peindre ou dessiner des grotesques : c'est le cas de Vinci ou de Raphaël.

Leonard de Vinci, Figures grotesques, vers 1500 : la première ferait une nourrice intéressante, non ?
Le terme désigne alors des oeuvres représentant des formes, des personnages bizarres. Les traits sont accusés et déformés, caricaturaux, les visages et les formes sont pris dans une esthétique du difforme, du laid, du menaçant de l'inquiétant.
Le grotesque devient ainsi un univers qui renvoie au souterrain, à l'obscur voire au diabolique.

En tant que registre, si le grotesque est une catégorie du comique, il en est une forme particulière : grinçante, corrosive, le grotesque questionne les valeurs reçues comme la beauté , la vérité, le bon goût. Contrairement au sublime, il accuse la réalité, en dévoile le visage sordide et inquiétant plutôt qu'il ne la magnifie. Le bouffon est grotesque.

Ainsi dans l'histoire de l'art, toute une ligne souterraine relie des artistes qui ont exploré ce pouvoir corrosif du grotesque notamment pour dénoncer rageusement la face moins reluisante de la nature humaine et protester contre le mensonge de la sublimation esthétique. Voir le livre d'Umberto Eco, Histoire de la laideur.
Ainsi, on peut mettre au jour une contre-histoire de l'art, qui relierait Breughel à Georg Grosz ou Otto Dix :
Pieter Brueghel l'Ancien, L'Adoration des mages, 1564
Georg Grosz, Les Piliers de la société, 1926

Dans l'histoire du théâtre, le grotesque a longtemps été évacué de la scène française, car jugé inconvenant, impur, de mauvais goût. Un des principes de la théorie classique des genres est de séparer nettement tragique et comique, et de préserver la pureté du premier en le désinfectant de tout grotesque possible.
Il faut attendre le drame romantique et Victor Hugo dans sa préface de Cromwell (1827) pour que le grotesque retrouve droit de cité sur les scènes : le drame est précisément ce qui peut accueillir et le tragique le plus pur et le plus sublime et le comique le plus farcesque et le plus bouffon, Ruy Blas et Don César (dans Ruy Blas).
Le modèle d'Hugo, son dieu, dans cette réhabilitation du grotesque et du bouffon non seulement comme envers mais comme contrepoint indispensable du sublime ?
Shakespeare...
Extrait de ce texte fameux :
"la muse moderne verra les choses d'un coup d'œil plus haut et plus large. Elle sentira que tout dans la création n'est pas humainement beau, que le laid y existe à côté du beau, le difforme près du gracieux, le grotesque au revers du sublime, le mal avec le bien, l'ombre avec la lumière. Elle se demandera si la raison étroite et relative de l'artiste doit avoir gain de cause sur la raison infinie, absolue, du créateur ; si c'est à l'homme à rectifier Dieu ; si une nature mutilée en sera plus belle ; si l'art a le droit de dédoubler, pour ainsi dire, l'homme, la vie, la création ; si chaque chose marchera mieux quand on lui aura ôté son muscle et son ressort ; si, enfin, c'est le moyen d'être harmonieux que d'être incomplet. {La poésie} se mettra à faire comme la nature, à mêler dans ses créations, sans pourtant les confondre, l'ombre à la lumière, le grotesque au sublime, en d'autres termes, le corps à l'âme, la bête à l'esprit ; car le point de départ de la religion est toujours le point de départ de la poésie. Tout se tient.
{...}
Dans la pensée des modernes, au contraire, le grotesque a un rôle immense. Il y est partout ; d'une part, il crée le difforme et l'horrible ; de l'autre, le comique et le bouffon. Il attache autour de la religion mille superstitions originales, autour de la poésie mille imaginations pittoresques. C'est lui qui sème à pleines mains dans l'air, dans l'eau, dans la terre, dans le feu, ces myriades d'êtres intermédiaires que nous retrouvons tout vivants dans les traditions populaires du moyen-âge ; c'est lui qui fait tourner dans l'ombre la ronde effrayante du sabbat, lui encore qui donne à Satan les cornes, les pieds de bouc, les ailes de chauve-souris. C'est lui, toujours lui, qui tantôt jette dans l'enfer chrétien ces hideuses figures qu'évoquera l'âpre génie de Dante et de Milton, tantôt le peuple de ces formes ridicules au milieu desquelles se jouera Callot, le Michel-Ange burlesque. Si du monde idéal il passe au monde réel, il y déroule d'intarissables parodies de l'humanité. Ce sont des créations de sa fantaisie que ces Scaramouches, ces Crispins, ces Arlequins, grimaçantes silhouettes de l'homme, types tout à fait inconnus à la grave antiquité, et sortis pourtant de la classique Italie. C'est lui enfin qui, colorant tour à tour le même drame de l'imagination du midi et de l'imagination du nord, fait gambader Sganarelle autour dedon Juan et ramper Méphistophélès autour de Faust.
{...}

Le moment est venu où l'équilibre entre les deux principes {le grotesque et le sublime} va s'établir. Un homme, un poëte roi, poeta soverano, comme Dante le dit d'Homère, va tout fixer. Les deux génies rivaux unissent leur double flamme, et de cette flamme jaillit Shakespeare.

Nous voici parvenus à la sommité poétique des temps modernes. Shakespeare, c'est le Drame ; et le drame, qui fond sous un même souffle le grotesque et le sublime, le terrible et le bouffon, la tragédie et la comédie, le drame est le caractère propre de la troisième époque de poésie, de la littérature actuelle."

jeudi 3 décembre 2009

Comment devenir une star de la télévision française grâce au blog de son professeur de théâtre

Je relaie ci-dessous un appel à casting que me fait parvenir Aline Joyon, responsable des relations publiques au théâtre des Amandiers de Nanterre : c'est donc sérieux et fiable.

Voici donc l'annonce :

Nous recherchons pour le court-métrage

"EAU PROFONDE"

une comédienne de 15 à 17 ans pour interpréter

un Petit Rôle et deux Silhouettes.

Particularité : elle doit avoir les cheveux blonds,

longs et tombants sur les épaules.

Tournage prévu fin de printemps-début d'été 2010.

Synopsis : Seize mois après sa disparition, une femme

recherche sa fille dans une ville, une région qu'elle ne

connaît pas.

Si vous êtes intéressée, prière SVP d'écrire à :

castingeauprofonde@free.fr

Prière SVP de joindre à votre candidature les

renseignements suivants :

Age, CV et expériences de comédienne (fichiers

AVI, Quicktime ou renvois vers pages de vidéo en

ligne bienvenus)

Téléphone, mail, adresse postale

Au moins 2 photos actuelles sous jpeg (visage +

portrait en pied) / photos de GSM acceptées



mercredi 2 décembre 2009

SORTIE MOUAWAD : APPEL A CANDIDATES

Nous n'irons pas voir la trilogie Mouawad le samedi 12 décembre comme initialement prévu : un dysfonctionnement a empêché que nos réservations soient validées !!!
Tant pis.
Mais le théâtre de Sartrouville propose un lot de consolation : 25 places pour aller voir
JEUDI 10 DECEMBRE A 20h30 (vraiment 20h30)
GRATUITEMENT
Incendies
,
du même Mouawad, un des volets de la trilogie, une pièce magnifique, dense, une sorte de réécriture contemporaine de la tragédie de Roméo et Juliette.
Il faut vous débrouiller pour y aller par vos propres moyens : impossible d'obtenir un car dans un si bref délai.
Qui est intéressée ?
Je vous rappelle que le-dit Mouawad sera au programme de Terminale spécialité théâtre l'an prochain : c'est à dire demain, pour vous...
Répondez-moi vite via ce blog ou mail après avoir organisé un petit sondage dans votre groupe.

mardi 1 décembre 2009

Plateau repas

Parfois, il se passe des choses incroyables à la télévision.
Sur arte.
Par exemple, que peut-on voir en ce moment sur arte+7 (site où les émissions sont visibles gratuitement sept jours après leur diffusion : pratique pour ceux comme moi qui n'ont pas la télé)?
On peut faire la rencontre de la grande Ariane Mnouchkine et de son théâtre du Soleil à la Cartoucherie de Vincennes avant d'aller voir sa dernière création en mars prochain.
C'est sur le lien suivant : http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC=2951334.html
On peut aussi lier théâtre et philosophie.
Et s'initier autant à la réflexion dramaturgique qu'à la philosophie e regardant une émission télévisuelle intelligente (si si ça existe).
Allez faire un tour sur le lien suivant (vous avez 6 jours) : ça dure 26 minutes, et c'est un poil ardu, mais passionnant : http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC=2954378.html

Sortie du mercredi 2 décembre : Médée à Nanterre

Nous avons un nouveau et dernier rendez-vous avec MÉDÉE demain.
C'est une variation africaine : le texte d'Euripide est revisité par un auteur contemporain, Max Rouquette, et Jean-Louis Martinelli, le patron du théâtre des Amandiers de Nanterre, le met en scène avec des comédiens africains.
Evidemment, il sera intéressant pour nous en quoi et comment la figure de Médée est reconfigurée par ce double geste.
Et d'envisager le travail de la mise en scène à l'aune des questions dramaturgiques que l'on s'est posé : la représentation de l'infanticide, par exemple.
RDV devant le lycée pour prendre le car à 19h.
Représentation à 20h30.
Retour au lycée à 23h.