jeudi 9 décembre 2010

Journal de Bord - Séance du 9 décembre














Comme à chaque séance, durant la première heure nous nous retrouvons et nous parlons de diverses sujets: du journal de bord de la semaine, du blog, des idées nouvelles concernant notre projet, et c'est notamment le moment où chacune de nous peut parler aux autres de ses inquiétudes par rapport au travail ou encore des ses idées pour nourrir celui-ci. Assia a donc commencé par nous faire un résumé de son journal de bord. Il en est ressorti que les décalages (changement brutal de registre) ne devaient pas nous faire peur, bien au contraire. La pièce de Novarina est un montage, il a conçu L'Acte Inconnu comme un puzzle. Il faut bien prendre en compte, que le principe ici, est le de la discontinuité. Il faut que nous réussissions à trouver notre place, dans ce déploiement imaginaire. Notre équilibre, dans ce déséquilibre. Le décalage et la contradiction ne sont en rien des obstacles. De plus, nous ne devons pas non plus avoir peur de faire des erreurs, nous sommes dans un travail de recherche d'essai. Certes le Novarinien, est une écriture qui effraie, mais il faut la prendre de façon enfantine, première (référence à Claude Ponti, illustrateur et auteur de littérature de jeunesse connu cf.4ème image ci-dessus). Pour Novarina, il faut faire ressortir notre côté primitif. Il n'y a pas de traduction possible du Novarinien, la seul clé est l'imaginaire du comédien. Pour Novarina, le comédien est sa propre matière et c'est une histoire de corps avant tout. Nous avons rappelé qu'il ne fallait pas oublier que nous sommes des « Ouvriers du drame », et nous avons de nouveau fait référence à l'Art brut, qui est selon moi une chose essentielle à la compréhension de notre travail. En comprenant le principe de l'Art Brut, on comprend Novarina. Il ne s'agit pas de produire quelque chose de réaliste mais de laisser parler notre corps, et en l'occurence nos pieds. Assia nous a notamment aborder le thème du rytme, et du côté chorégraphique qu'il faut bien évidement inclure dans notre projet. Mais peut-être que la chorégraphie se met aussi déjà en place, de par l'expressivité de notre corps. Notre but est en quelque sorte d'accomplir une perfomance (multidisciplinaire). Les premiers pas que nous faisons sur la toile blanche, doivent être comme les premiers pas de l'homme sur la Lune, selon Marc. Nous avons également fait référence au peintre américain Jackson Pollok , qui a mis sa toile à terre et à transformer la peinture en une activité vraiment esthétique et corporelle, quasi-chorégraphique. Il crée des trajectoires sans le vouloir, et il fait donc beaucoup écho avec notre travail. Nous devons nous inspirer de ses performances et de ses oeuvres (cf.images 1 à 3 ci-dessus). Enfin nous avons commencer à parler de comment nous allions pouvoir enchaîner l'Acte Inconnu avec Agamenon d'Eschyle? Tout d'abord, les partitions de la pièce que nous garderons sont les suivantes: celle de l'émissaire, de Cassandre, Clytemnestre (à l'acceuil d'Agamemenon et après le drame) et Agamemnon (qui existera par les femmes), ainsi qu'Egisthe. Bref, nous nous sommes interrogés sur notre projet, afin de le faire avancer et de voir vers quoi nous nous dirigions. Nous avons ensuite fait la mise au point du matériel installé pour la séance et nous avons installé sur une grande bâche des laies de papiers peints blancs sur le sol afin de former une « toile » assez grande sur laquelle nous pourrions peindre avec nos peids, notre corps, et développer notre créativité.
Pendant les deux heures suivantes nous sommes donc passées à la pratique. Chacune de nous a rempli sa bassine de peinture d'une certaine couleur. Nous avons tout repris depuis le début, et nous avons dès le départ eu un problème technique : celui du papier, qui n'était pas du tout résistant à la peinture et à nos pieds. Mais ce n'était pas notre soucis premier: il fallait absolument se concentrer sur sa trajectoire. Les pieds baignant dans la peinture, nous laissions une trace derrière notre passage. Je me suis notamment rendu compte que lorsqu'on a les pieds pleins de peinture et que l'on sait que nous laissons une trace derrière nous, on est tout de suite plus concentré sur nos mouvements et sur ce que l'on fait. Il faut assumer pleinement ce que l'on fait, sinon ça ne peut pas marcher. Nous nous sommes rendus compte qu'en étant concentré sur sa trajectoire on ne réfléchit plus au texte : il sort tout seul. Nous restons dans le texte mais sans le penser. Un passage que j'ai beaucoup apprécié est celui de margot, lorsque toutes autour d'elle, nous la badigeonnions de peinture : grâce à la matière je trouve que ce passage a pris beaucoup plus d'ampleur, et le fait que nous fassions toutes la même chose en même temps montre bien l'harmonie qu'il existe entre nous. De plus au fur et à mesure que nous avançions une question primordiale s'est posé : quelles couleurs utilisées ? Primaires, complémentaires, noir et blanc, des mélanges ? Personellement je pense que les couleurs primaires et plus précisement les couleurs de fonds de carte sont à favoriser (bleu, jaune, vert, rouge/marron). Car il ne faut pas oublier que même si nous faisons de l'art abstrait, à la fin le but serait que notre toile puisse s'apparenter à une carte : pour que cela coïncide ainsi avec Agamemnon (le voyage et le retour d'agamemenon à Argos) et nous puissions enchaîner sur la tragédie grecque. Lors de la séance, nous avons utilisé des couleurs anodines d'une part, mais nous en avons surtout utilisé beaucoup trop. Et même si il vrai que je trouvais le fait que nous utilisions des couleurs très diversifiées pour Novarina, intéressant, cela correspond tout de même moins au monde d'Agamemnon. Je pense que pour avancer réellement dans notre travail et notre proposition, nous avons besoin de voir comment il se séquence. L'idée de verser une bassine de peinture complètement sur nous ou d'être badigeonner entièrement d'une même couleur afin d'incarner un personnage a notamment été évoqué, et je trouve que c'est une très bonne idée. Je vois très bien une Clytemnestre toute rouge, sanginolante, une Cassandre entièrement jaune, un Agamemnon tout en noir (et rouge), par exemple. Et ainsi nous ferions nous mêmes office de toile, de tableau : tout notre corps serait en jeu et mis en avant. Les personnages naîtraient sous les yeux des spectateurs, le but est de partie de zéro et de tout construire à vue.
Cette séance fut une séance « éclairage », nous avons en fait testé si notre projet était réalisable, et il l'est. Ce n'était qu'une ébauche. Nous n'avons pas pu allé jusqu'au bout, et aussi loin dans la proposition qu'il l'aurait fallu, mais nous avons pu faire une mise au point sur notre travail et notre jeu collectif, ainsi que sur ce vers quoi nous devions nous diriger. Cette séance a en effet permis de voir où nous en étions et pour ma part elle m'a beaucoup ouvert les yeux. Même si nous n'avons pas pu aller assez loin pour que je joue et que j'exploite ma partition de texte, j'ai tout de même sentit que mon imaginaire travaillait beaucoup plus avec la peinture: je n'avais qu'une envie c'est de créer, quoi je ne sais pas, mais de laisser ma trace et qu'elle soit la plus originale possible. Mais j'ai quand même au début eu un moment de « blocage », j'était un peu trop focalisé par la trace que mes pieds pouvait laisser, et du coup j'ai eu l'impression de moins faire attention à ce que je proposais sur le plateau. Comme si la peinture m'avait empêcher de vraiment me lâcher. Et je pense que cela c'est même ressentit au niveau de l'ensemble du groupe : la présence de la peinture a fait que nous n'avons pas pu dégager autant que les fois précédentes. Or la peinture est sensé donner plus de puissance à notre jeu. Je pense qu'il faut que l'on s'habitue à la matière et qu'on aprenne à jouer avec. Il ne faut pas que la peinture soit un obstacle. La peinture doit être un objet d'investissement, grâce auquel on doit s'engager encore plus. Et peut être aussi que si le résultat n'a pas donné grand chose, c'est que chacune, et moi la première, nous n'étions pas assez dans l'optique de créer une carte.

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