Un « bordel » final synonyme de la pagaille politique?
Durant la dernière partie de la pièce, nous sommes confrontés à une véritable course poursuite au travers des quatre grandes portes. Le décor et les repères du spectateur sont chamboulés. Les couleurs des portes sont mélangées, confondant ainsi la maison de Rosa et l’hôpital. Les personnages passent par n’importe quelle entrée, trainent le lit d’hôpital, emportant une fois Rosa, une fois Antonio, une fois Agnelli. On voit même Antonio cracher de l’eau à la figure de la personne ouvrant la porte derrière laquelle il était caché. Nous sommes plongés dans une sorte de cartoon théâtral, comme dans un Tex Avery. De plus, cette scène est accompagnée d’une musique entrainante, comme dans un dessin animé, où toutes les règles physiques n’ont plus de sens, ce qui est également le cas au théâtre. Nous pouvons aussi nous demander si cette course ne serait pas une métaphore de la pagaille politique des années 1970, ou celle dans laquelle nous vivons. En effet, on remarque que lorsque la pièce se termine, beaucoup d'accessoires sont jetés un peu partout. Ils ne sont plus tous bien ordonnés. Cela fait penser que partout où passe les personnes de pouvoir, ici Agnelli, un désordre chaotique s'ensuit. Comme s’ils détruisaient tout sur leur passage.
Nous voyons cette pagaille principalement derrière les portes, dans les coulisses qui sont à vue. Le fait que cet espace soit dévoilé au spectateur nous montre le comédien dans un travail qui est ordinairement caché. Nous voyons l'acteur au travail. Marc Prin dit qu'il permet au spectateur « de voir le comédien dans sa respiration, dans sa concentration, dans sa mue lorsqu’il change de costume ». Autrement dit, il fait un rapprochement entre les comédiens et les personnages qu'ils incarnent. Ce dispositif nous permet de voir le comédien-ouvrier.
Cette notion de comédien-ouvrier fait évidemment écho avec notre travail sur Novarina. Celui-ci pousse la proposition encore plus loin étant donné que les coulisses ont complètement disparu. Nous sommes transformés en ouvriers du drame du début à la fin de travail.
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