jeudi 14 octobre 2010

Analyse de Spectacle : Pacifique/Nasser Martin-Gousset/Sartrouville


La création de Nasser Martin-Gousset, loin des rêveries colorisées des sixties et d’une exubérance kitsch certaine, ouvre la porte des extrêmes, au nouvel Hollywood, celui de la flamboyance, de la profusion et de la libération sexuelle. C'est le temps des excès symboliques et picturaux à la Dali, du psychédélisme futuriste à la Vasarely, de l'explosion des formes et des couleurs et… de James Bond, «l'Espion», «le Séducteur ». Danseur d'exception, chorégraphe singulier et collaborateur de longue date de Sasha Waltz & Guests, Nasser Martin-Gousset nous présente un héros mythique du cinéma, James Bond en nous entraînant dans une aventure passionnelle et noire où les gestes, tant précis que fluides, se fondent dans la sensualité, le crime et les combats à mains armées très stylisés.

Pour commencer, le chorégraphe a installé sa représentation dans un décor épuré, sobre aux couleurs dominantes sobres en mettant en valeur « plusieurs arrêts sur image » des différents danseurs sur scène. Une majeure partie de son décor était représenté par un seul et même élément : Une gigantesque « vague » de bois qui prenait toute la scène du théâtre et qui était la clé pour inciter les spectateurs à imaginer mais aussi à voir du spectaculaire. Une vague faisant référence à une matière fondamentale de ce spectacle de danse : l’eau, élément fluide et inquiétant. Tout autant que les relations des groupes de danseurs et de danseuses.Toutes les palettes du bleu, de la mer scintillante aux dégradés du ciel nous invitaient à plonger dans les fonds de l’image, les eaux troubles des séries noires.Une eau matricielle, bleu émeraude ou insaisissable grâce aux nombreux jeux de lumière qui possédaient un rôle assez essentiel dans cette création. Avec beaucoup de subtilité et de précision, chaque changement de « couleurs lumineuses » mettait en avant un nouveau passage des péripéties de James Bond représenté par plusieurs danseurs. En harmonie, tous soigneusement habillés d’un costume gris, ils laissaient imaginer, par leurs chorégaphies précises, leur virilité mais aussi leur séduction. Des danseuses les accompagnaient dans leurs mouvements avec délicatesse, féminité et élégance. Leurs costumes, accordés aux différents tableaux des aventures de James Bond reflétaient nettement l’esprit des années 70 et les situations du héros. De ce fait, nous pouvions observer des robes de soirées luxueuses, décorées de paillettes et colorées portées par les danseuses, compagnes du héros, et encore et toujours des costumes aux couleurs sobres et parfaitement bien coupés pour les multiples Bond. La fidélité des films de l’agent secret était bel et bien présente.

De plus, nous distinguions des jeux de rôles, jouant entre masques et apparences, propices aux rencontres incongrues et aux situations décalées. Ainsi, défilait devant mes yeux ébahis par tant de beauté artistique et grâce à mon imagination, les lieux et les paysages qui sont tous les endroits fétiches et clairement représentatifs de l’univers du grand et viril Bond. Nous pouvions donc imaginer par ces jeux lumineux une sorte de bar-vaisseau ou une belle plage du Pacifique où régnaient tranquilité et rêverie dans une esthétique « pop acidulé » mais aussi un « crash » d’un bateau qui laisse derrière lui des survivants anéantis. Dans ces diverses danses, glamour et violence sont les ambiguités de l’agent double, figure du héros confronté à la femme, l’une de ses raisons de vivre.

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