jeudi 14 octobre 2010

Séance n° 5 du jeudi 14 octobre

Notre séance de jeudi fut la cinquième de l’année. En début de séance, nous avons fait un retour sur le journal de bord de Camille et nous nous sommes replongés dans l’exercice du déséquilibriste. Ensemble, nous avons pu faire plusieurs constats :

- Le déblocage se fait grâce à l’improvisation. Il ne faut pas trop réfléchir, ne pas avoir peur du ridicule et se lancer sur le plateau (phase d’expérimentation). Il faut se raccrocher aux mots, les explorer et les malaxer. Ensuite, nous devons réveiller notre imaginaire. C’est grâce aux mots et à notre imagination que se fait la naissance des différents personnages (« on mime le rien »). De plus, les différents thèmes (l’amour, la mort, la guerre, la maternité) nous aides à cela et ressortent des mots même si ça ne veut rien dire. Il n’y a pas d’histoire mais des paroles. Ce texte parle de façon détourné, crypté et déplacé. Il remet en cause l’habitude de la parole (« ça ne raconte rien mais ça nous parle de façon crypté »).

- On constate que le mot revenant constamment est « la machine ». En effet, le texte est une grande machine à penser ainsi que notre corps. Nous sommes une machine à parler, à jouer et à imaginer. C’est pour cela qu’il faut chercher quelque chose dans les noms et rêver dessus.

Ensuite, nous avons mis en place plusieurs directives de travail. Tout d’abord, il faut jouer sur les matières (eau, peinture, terre, glaise) et jouer avec l’autre (effet marionnette). L’idée de la bâche a été évoquée et approuvée. En effet, cela permettrait de créé une fresque au sol grâce aux matières et à notre imaginaire (création d’un monde). L’idée du graphique rappellerait la peinture de Novarina. De plus, la réalisation d’une œuvre pendant le spectacle rappellerait l’incompréhension du texte et la mise en valeur de la parole (naissance de quelque chose). Pour découvrir le monde de Novarina, Monsieur Dieudonne nous a proposé de voir diverses expositions comme le musée sur l’Art brute aux Halles Saint Pierre (expositions de tableaux par des peintres n’ayant aucune formation) et le musée Dali.
Au début de la deuxième heure, nous avons échauffé notre voix. Nous avons dit les syllabes de diverses façons avec des intonations différentes. Puis, nous devions passer chacun notre tour sur le plateau et Marc nous donnait un exercice par rapport au langage. En effet, nous devions soit raconter notre journée le plus vite possible, soit reprendre l’histoire et les mimiques de la personne précédente ou soit raconter une histoire en borborisme. J’ai trouvé cet exercice difficile. En effet, je devais imiter le borborisme de Laurine. J’avais l’impression de ne plus rien contrôlé au niveau du langage et de me répéter. Mais, j’ai trouvé cet exercice assez drôle, même si le souffle et le rythme est assez difficile à tenir. Ensuite, nous avons refait l’exercice du déséquilibriste. Par rapport à la semaine dernière, des idées ont été reprises mais beaucoup d’autres ont été créées. Pour ma part, au début le blocage était présent même si l’exercice n’était pas une découverte pour nous. Puis, j’ai fait place à mon imagination et j’ai arrêté de me sentir ridicule. De plus, en observant les propositions de mes camarades, je me suis mise en confiance et j’ai pu montrer diverses créatures. Nous avons ensuite continué de jouer l’acte I. Nous nous sommes penchés sur le personnage d’Assia, l’esprit chantant. Le texte dit de manière chanté était un vrai problème et créa un blocage. Mais, Marine proposa de jouer un air simple et répétitif à la flûte. Jane et Assia ont alors dit le texte ensemble, en restant neutre. Les paroles et la musique ne faisait qu’un. Puis, nous avons décortiqué le texte d’Alice : le vivant malgré lui, pour comprendre le sens des mots. Ce personnage est comme le metteur en scène et doit dire le texte distinctement pour se faire entendre et comprendre. Enfin, pour finir nous avons étudié le personnage de Nataly : le bonhomme Nihil. Ce personnage entend frapper au plafond et au plancher comme s’il y avait quelque chose sous la scène. L’esprit va réveiller les morts (parallèle d’Hamlet de Shakespeare). Plus les séances passent et plus nous avançons dans l’univers étrange de Novarina. Nous apprenons l’art du langage novarinien et toutes les difficultés que cela engendre au niveau du rythme de parole et de la diction des mots. Je pense que nous commençons vraiment à nous plonger et à prendre du plaisir dans ce théâtre verbal et physique.
Anastasia Foucher

4 commentaires:

  1. J'ai adoré l'exercice du borborisme, j'ai choisi de raconter ma leçon de conduite de la veille. Le fait d'inventer un langage me convenait parfaitement, les mots venaient d'eux même je n'avais pas besoin de les chercher ou de penser à inventer plus de vocabulaire. Comme si je connaissais la langue! J'ai eu l'agréable surprise de voir mes camarades qui comprenaient tout ce que je leur racontais. Je voyais des grands sourires, des hochements de tête... Un flot de paroles sortait de ma bouche, je voulais absolument finir mon histoire, mon débit de parole s'accélérait toujours plus à mesure que j'avais le souffle coupé. Lorsque je voulu reprendre ma respiration on me fit signe de m'arrêter, je n'en avais aucune envie. Je pense que s'il m'étais possible d'adopter cette langue je n'hésiterais pas une seconde. Je me suis rendue compte que l'on m'écoutait vraiment et j'avais pour une fois vraiment l'impression de m'exprimer naturellement. C'était ma langue à moi. Celle que je connais depuis toujours.
    Je pense que nous avons tous un langage personnelle qui ne demande qu'a s'exprimer, un exercice très enrichissant.

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  2. Bravo Anastasia pour ce jdb très complet, précis et intéressant. N'oublie pas de serrer ta pratique de près, d'analyser aussi personnellement les choses.
    Marine, ton commentaire aussi est précieux. Continue.
    Ce serait bien que le jdb soit lu par toutes chaque semaine et que d'autres commentent aussi. Et qu'on puisse en parler en connaissance de cause le jeudi.
    Idem pour mes messages publiés : ce blog est à vous, il doit être un instrument de travail. Il faut le consulter régulièrement et le faire vivre.
    Dernière chose : éh, les filles, c'est borborygme, pas borborisme : ça y est, vous vous mettez à Novariner !
    A demain

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  3. Journal de bord

    Nous sommes le Jeudi 14 Octobre 2010, et c'est aujourd'hui notre cinquième séance de théâtre. Comme les précédentes, nous commençons par un récapitulatif de la séance dernière, afin de voir où en est la progression de notre travail. Nous revenons ainsi longuement sur l'exercice de la semaine dernière, celui des "créatures" de la partition d'Agnès. Chacun donne son ressenti face à cet exercice et il en ressort des divergences d'opinion. En effet certaines se sentent davantage bloquées par rapport aux autres et n'arrivent pas à se lancer sur la scène. L'emploie de se terme est effectivement utiliser à bon escient : car la solution est de se lancer, comme en improvisation, de ne pas réfléchir car cela bloque notre imaginaire, mais au contraire, de se jeter à l'eau, se laisser embarquer par la langue de Novarina, les sons des mots afin de laisser vagabonder son esprit. Il faut en effet essayer de « comprendre » les noms des créatures, des les interpréter afin d’en créer une vision personnelle et originale. Il est ressortit de cet exercice que dans l’Acte Inconnu c’est notre imaginaire qui est mis à l’épreuve, il s’agit en effet de « mimer le rien » et de « combler le vide ». Beaucoup d’élèves disaient que ça ne raconte rien mais que ça parle. Mr Dieudonné à mis l’accent sur la notion de « ça » qui est l’interprétation de notre inconscient. Comme peut le faire le rêve ou le théâtre de l’absurde, les sujets abordés par Novarina sont profonds mais sont traités avec décalage. Nous en revenons à la conclusion que même si la pièce de représente rien, elle parle. la question que nous nous sommes donc posée est la suivante : comment ne pas faire n’importe quoi tout en était incroyablement libre.
    Les solutions trouvées, sont notamment de chercher et donner un sens , des connotations et des signes aux mots. Il faut se laisser imprégner et faire un travail sur les mots, en nous, les explorer et se raccrocher aux mots puisqu’ils sont la substance de la pièce et notre unique matière. proprement, l’unique solution se trouve dans le mot imaginaire.
    (suite...)

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  4. Brillant jdb, Valentine ! Les apports théoriques liés à tes lectures personnelles sont très précieux. Bravo !

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