Le metteur en scène Sylvain Maurice crée, met en scène, aujourd’hui la pièce Dealing with Clair (Claire en affaires) d’après un texte inédit de l’auteur londonien, Martin Crimp. En effet, cette pièce était jusqu’ici inédite en France, elle n’avait jamais été joué auparavant, bien que Crimp l’ai écrite en 1988, à la fin des années Thatcher : elle est donc crée dans un contexte historique bien précis. Cette pièce de Crimp s’inscrit dans une dramaturgie au premier abord classique, mais qui au final laisse apparaître des personnages plus qu’étranges et même inquiétants. Il s’agit d’un couple de jeune londonien qui vend sa maison par l’intermédiaire de Claire, agent immobilière, à un riche et élégant acquéreur, James. Or, derrière cette banale opération immobilière entre bourgeois, se cache le mal, la cruauté, l’hypocrisie et certaine perversité. Le texte de Crimp, joue sur l’intrigue et la « montée en tension » de l’action : il dévoile certains aspects de la société. Ainsi, nous pouvons nous demander comment Sylvain Maurice a-t-il mis en scène Dealing with Clair aujourd’hui, dans quel but, et quels sont ses partis-pris ?
La situation principale de la pièce, « l’intrigue » si l’on peut dire, est une situation des plus banales. Mike et Liz forment un jeune couple, semblant épanoui et tout à fait gentil, qui vend leur maison par le biais d’un agent immobilier. Rien donc de plus quotidien que cette situation. Même le décor, plutôt simple et élégant, est très réaliste et témoigne justement de cette « banalité ». Au cours de la pièce, il y a en fait deux changements concrets de décors : avec l’appartement de Claire et celui du jeune couple. L’appartement de Claire apparaît comme un espace sombre, petit, et froid, on ne voit en fait que la façade extérieure de celui-ci (descendant des cintres), qui est fait de briques, et on aperçoit la propriétaire des le début de la pièce par sa fenêtre. A plusieurs reprise le spectateur entend notamment le bruit d’un train, car Claire vit d’une voie ferrée. On entre des le départ dans le quotidien monotone qu’est celui de l’gent immobilière. En contraste avec son appartement, la maison de Mike et de Liz apparaît comme beaucoup plus spacieuse, plus chaleureuse et plus confortable. Sur scène se trouve un véritable séjour de maison, mobile, qui entre chaque scène est déplacé de sorte à ce que le spectateur le voit d’un autre angle : on peut interpréter cela comme étant représentatif de la « découverte » progressive des personnages et de leur véritable visage, qui est plus inquiétant qu’il n’y paraît. De plus Claire est une femme qui ne semble vivre que pour son travail. Elle n’a pas de temps pour l’amour. Ainsi James, riche et élégant quinquagénaire, et acheteur potentiel de la maison du couple, va peu à peu charmer la jeune femme et représenter pour elle une sorte d’échappatoire à son « train-train » quotidien, quelque peu monotone. James est un homme libre, sans obligations apparentes, tandis que Claire est « l’agent immobilier », qui rêve de sa réussite sociale. Il lui donne la chance d’être quelqu’un d’autre, certainement de mieux, l’espace d’un instant, notamment lors de la scène de la bataille où James lui propose de jouer à la bataille avec lui. Claire prend sur son temps du déjeuner et joue donc à la bataille avec un homme qu’elle connaît à peine, dans l’appartement de Mike et de Liz qui se sont absentés. Et elle n’ose pas aller jusqu’au bout du jeu : elle se bloque, elle est perdue et elle ne parvient pas à dire le mot « bataille ». Claire fait comme si elle trouvait tout cela ridicule alors qu’en fait c’est la première fois qu’elle semble vraiment s’amuser depuis longtemps. Lorsqu’enfin elle ose dire le mot « bataille », elle est comme libérée d’un poids, elle est enfin elle-même. Ainsi on peut supposer que le côté banal de la situation est en fait une dénonciation fait par l’auteur (et le metteur en scène), à propos de la société d’aujourd’hui : il est en effet difficile de vendre sa maison de nos jours, l’immobilier est beaucoup moins accessible qu’auparavant. Mais la critique principale est certainement celle du manque de liberté que nous pouvons avoir au sein de la société : nous ne sommes plus nous-mêmes et ont exécute simplement notre fonction (travail). Le travail, avec pour but une certaine réussite sociale, nous enferme dans la solitude et l’ennui. La société d’aujourd’hui est une société de consommation, qui ne pousse qu’à la dépense et à « l’appât du gain ». De cette façon, à mesure que la pièce avance, le cadre rassurant de notre vie quotidienne va se montrer sous un nouveau jour (d’où le changement continuel de point de vue sur la pièce principale de la maison), et les protagonistes eux-mêmes vont se révéler étranges, inquiétants, voire dangereux.
L’étrangeté va en effet surgir peu à peu entre les personnages, et ceci simplement par le langage. Le texte de Crimp « se construit en d’infinis déplacements, dérapages, lapsus », selon Sylvain Maurice. Les relations entre les personnages vont devenir plus ou moins ambigües, on découvre une facette « maléfique » des protagonistes, leurs faces cachées. Mike et Liz qui avaient d’abord décidés de vendre leur maison sans profiter de l’envol des prix vont en fait avoir l’espoir de ce gain inespéré. Ils s’avancent sans cesse comme étant des gens honorables, mais se révèlent en fait très profiteurs, si ce n’est calculateurs. De plus on se rend compte qu’il s’agit de deux parents irresponsables et égoïstes : la jeune fille au pair, une jeune fille italienne, dors dans une chambre sans fenêtre et n’a pas le droit d’appeler sa famille en Italie car cela coûte trop cher. Elle est là simplement pour s’occuper de leur bébé, et si il se réveille et crie, ils lui hurlent l’ordre d’aller s’en occuper. Ce couple au premier abord charmant n’est donc pas aussi sympathique qu’il n’y paraît : ils manifestent au début une réelle sympathie pour Claire mais une fois la transaction effectuée ils ne semblent pas aussi attristés par sa disparition, qu’on aurait pu le croire. Ainsi ils sont à l’image de la société et de la bourgeoisie moderne, telle que veut la dénoncer Crimp.
Le metteur en scène, Sylvain Maurice va dans sa mise en scène retranscrire l’étrangeté du texte et du langage au niveau de la musique, des lumières et des déplacements du décor. En effet plus la pièce avance et plus le décor de la maison se retourne comme pour montrer l’ « envers du décor ». A la fin le décor est complètement retourné et on découvre le véritable fond des personnages : la forme va avec le fond. De plus, entre chaque scène, la lumière est de plus en plus sombre, comme pour montrer le fait que la part d’ombre des personnages s’amplifie elle aussi. Chaque entre-scène est rythmée par une musique du type électro (voir transe) et des néons s’allument sur les bordures du décor : ce qui montre d’une part l’étrangeté mais fait aussi écho avec la société moderne d’aujourd’hui. Ce choix de musique met l’accent sur le côté étrange, froid et inquiétant de la pièce, tout en marquant la progressivité de cette « révélation ». Mais c’est aussi une musique que l’on pourrait qualifier de « dure » (en tant que musique électronique), qui pourrait raconter la violence de notre temps et de certains hommes. Dealing with Clair est une pièce qui dénonce la société, dont le langage est aujourd’hui une arme fatale, et dans laquelle les hommes se révèlent parfois être des monstres sans que cela ne soit un véritable choc : le mal est banal, quotidien, tout comme le danger.
Ainsi, dans sa mise en scène de Dealing with Clair, Sylvain Maurice prend en compte le contexte historique de la pièce de Crimp, tout en faisant écho avec la société d’aujourd’hui. Maurice crée en fait une sorte de thriller, non pas grâce à sa mise en scène, mais tout simplement grâce au texte de Crimp, qui écrit de manière décousue crée à la fois de l’intrigue, du suspens, et de l’humour. Cette pièce en effet dans l’implicite, est une satire sociale et politique tout en étant un drame social et psychologique. C’est au spectateur de faire son propre scénario, puisqu’il n’est pas dit clairement ce que devient le personnage de Claire : Maurice (de par sa mise en scène) et Crimp (de par son texte), font tout deux appel à l’imaginaire du spectateur, et surtout l’amène à réfléchir sur la condition de l’homme et ses faces cachées qui parfois peuvent s’avérées dangereuses. Au travers de cette pièce est en fait dénoncé la « banalisation » du mal qui existe à notre époque : le mal est omniprésent dans notre société et ce à tel point qu’il en est devenu banal (ex : agressions, viols, infractions, méchanceté des individus les uns envers les autres, etc). Cette pièce lève le masque en quelque sorte sur les apparences, et nous montre que la société dans laquelle nous vivons n’est pas aussi rassurante qu’on peut l’imaginer, mais au contraire inquiétante. Cette pièce regroupe donc plusieurs thèmes à la fois, qui touchent plus ou moins le spectateur, mais surtout le rendent perplexe.
La situation principale de la pièce, « l’intrigue » si l’on peut dire, est une situation des plus banales. Mike et Liz forment un jeune couple, semblant épanoui et tout à fait gentil, qui vend leur maison par le biais d’un agent immobilier. Rien donc de plus quotidien que cette situation. Même le décor, plutôt simple et élégant, est très réaliste et témoigne justement de cette « banalité ». Au cours de la pièce, il y a en fait deux changements concrets de décors : avec l’appartement de Claire et celui du jeune couple. L’appartement de Claire apparaît comme un espace sombre, petit, et froid, on ne voit en fait que la façade extérieure de celui-ci (descendant des cintres), qui est fait de briques, et on aperçoit la propriétaire des le début de la pièce par sa fenêtre. A plusieurs reprise le spectateur entend notamment le bruit d’un train, car Claire vit d’une voie ferrée. On entre des le départ dans le quotidien monotone qu’est celui de l’gent immobilière. En contraste avec son appartement, la maison de Mike et de Liz apparaît comme beaucoup plus spacieuse, plus chaleureuse et plus confortable. Sur scène se trouve un véritable séjour de maison, mobile, qui entre chaque scène est déplacé de sorte à ce que le spectateur le voit d’un autre angle : on peut interpréter cela comme étant représentatif de la « découverte » progressive des personnages et de leur véritable visage, qui est plus inquiétant qu’il n’y paraît. De plus Claire est une femme qui ne semble vivre que pour son travail. Elle n’a pas de temps pour l’amour. Ainsi James, riche et élégant quinquagénaire, et acheteur potentiel de la maison du couple, va peu à peu charmer la jeune femme et représenter pour elle une sorte d’échappatoire à son « train-train » quotidien, quelque peu monotone. James est un homme libre, sans obligations apparentes, tandis que Claire est « l’agent immobilier », qui rêve de sa réussite sociale. Il lui donne la chance d’être quelqu’un d’autre, certainement de mieux, l’espace d’un instant, notamment lors de la scène de la bataille où James lui propose de jouer à la bataille avec lui. Claire prend sur son temps du déjeuner et joue donc à la bataille avec un homme qu’elle connaît à peine, dans l’appartement de Mike et de Liz qui se sont absentés. Et elle n’ose pas aller jusqu’au bout du jeu : elle se bloque, elle est perdue et elle ne parvient pas à dire le mot « bataille ». Claire fait comme si elle trouvait tout cela ridicule alors qu’en fait c’est la première fois qu’elle semble vraiment s’amuser depuis longtemps. Lorsqu’enfin elle ose dire le mot « bataille », elle est comme libérée d’un poids, elle est enfin elle-même. Ainsi on peut supposer que le côté banal de la situation est en fait une dénonciation fait par l’auteur (et le metteur en scène), à propos de la société d’aujourd’hui : il est en effet difficile de vendre sa maison de nos jours, l’immobilier est beaucoup moins accessible qu’auparavant. Mais la critique principale est certainement celle du manque de liberté que nous pouvons avoir au sein de la société : nous ne sommes plus nous-mêmes et ont exécute simplement notre fonction (travail). Le travail, avec pour but une certaine réussite sociale, nous enferme dans la solitude et l’ennui. La société d’aujourd’hui est une société de consommation, qui ne pousse qu’à la dépense et à « l’appât du gain ». De cette façon, à mesure que la pièce avance, le cadre rassurant de notre vie quotidienne va se montrer sous un nouveau jour (d’où le changement continuel de point de vue sur la pièce principale de la maison), et les protagonistes eux-mêmes vont se révéler étranges, inquiétants, voire dangereux.
L’étrangeté va en effet surgir peu à peu entre les personnages, et ceci simplement par le langage. Le texte de Crimp « se construit en d’infinis déplacements, dérapages, lapsus », selon Sylvain Maurice. Les relations entre les personnages vont devenir plus ou moins ambigües, on découvre une facette « maléfique » des protagonistes, leurs faces cachées. Mike et Liz qui avaient d’abord décidés de vendre leur maison sans profiter de l’envol des prix vont en fait avoir l’espoir de ce gain inespéré. Ils s’avancent sans cesse comme étant des gens honorables, mais se révèlent en fait très profiteurs, si ce n’est calculateurs. De plus on se rend compte qu’il s’agit de deux parents irresponsables et égoïstes : la jeune fille au pair, une jeune fille italienne, dors dans une chambre sans fenêtre et n’a pas le droit d’appeler sa famille en Italie car cela coûte trop cher. Elle est là simplement pour s’occuper de leur bébé, et si il se réveille et crie, ils lui hurlent l’ordre d’aller s’en occuper. Ce couple au premier abord charmant n’est donc pas aussi sympathique qu’il n’y paraît : ils manifestent au début une réelle sympathie pour Claire mais une fois la transaction effectuée ils ne semblent pas aussi attristés par sa disparition, qu’on aurait pu le croire. Ainsi ils sont à l’image de la société et de la bourgeoisie moderne, telle que veut la dénoncer Crimp.
Le metteur en scène, Sylvain Maurice va dans sa mise en scène retranscrire l’étrangeté du texte et du langage au niveau de la musique, des lumières et des déplacements du décor. En effet plus la pièce avance et plus le décor de la maison se retourne comme pour montrer l’ « envers du décor ». A la fin le décor est complètement retourné et on découvre le véritable fond des personnages : la forme va avec le fond. De plus, entre chaque scène, la lumière est de plus en plus sombre, comme pour montrer le fait que la part d’ombre des personnages s’amplifie elle aussi. Chaque entre-scène est rythmée par une musique du type électro (voir transe) et des néons s’allument sur les bordures du décor : ce qui montre d’une part l’étrangeté mais fait aussi écho avec la société moderne d’aujourd’hui. Ce choix de musique met l’accent sur le côté étrange, froid et inquiétant de la pièce, tout en marquant la progressivité de cette « révélation ». Mais c’est aussi une musique que l’on pourrait qualifier de « dure » (en tant que musique électronique), qui pourrait raconter la violence de notre temps et de certains hommes. Dealing with Clair est une pièce qui dénonce la société, dont le langage est aujourd’hui une arme fatale, et dans laquelle les hommes se révèlent parfois être des monstres sans que cela ne soit un véritable choc : le mal est banal, quotidien, tout comme le danger.
Ainsi, dans sa mise en scène de Dealing with Clair, Sylvain Maurice prend en compte le contexte historique de la pièce de Crimp, tout en faisant écho avec la société d’aujourd’hui. Maurice crée en fait une sorte de thriller, non pas grâce à sa mise en scène, mais tout simplement grâce au texte de Crimp, qui écrit de manière décousue crée à la fois de l’intrigue, du suspens, et de l’humour. Cette pièce en effet dans l’implicite, est une satire sociale et politique tout en étant un drame social et psychologique. C’est au spectateur de faire son propre scénario, puisqu’il n’est pas dit clairement ce que devient le personnage de Claire : Maurice (de par sa mise en scène) et Crimp (de par son texte), font tout deux appel à l’imaginaire du spectateur, et surtout l’amène à réfléchir sur la condition de l’homme et ses faces cachées qui parfois peuvent s’avérées dangereuses. Au travers de cette pièce est en fait dénoncé la « banalisation » du mal qui existe à notre époque : le mal est omniprésent dans notre société et ce à tel point qu’il en est devenu banal (ex : agressions, viols, infractions, méchanceté des individus les uns envers les autres, etc). Cette pièce lève le masque en quelque sorte sur les apparences, et nous montre que la société dans laquelle nous vivons n’est pas aussi rassurante qu’on peut l’imaginer, mais au contraire inquiétante. Cette pièce regroupe donc plusieurs thèmes à la fois, qui touchent plus ou moins le spectateur, mais surtout le rendent perplexe.
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