jeudi 14 octobre 2010

Extrait d'analyse de spectacle : Pacifique, de Nasser-Martin Gousset.

(Nasser-Martin Gousset est un chorégraphe reconnu pour ses travaux sur les postures. Dans son dernier spectacle de danse, intitulé Pacifique, le chorégraphe plonge le spectateur au cœur des années 70 et dans les mystères de l’Océan Pacifique, de l’eau, et de la fluidité. Il s’inspire notamment pour sa nouvelle chorégraphie de l’univers cinématographique, et créer une atmosphère tirée des séries noires, des polars. En réalité, nous pouvons voir au travers de ce projet un hommage rendu par le chorégraphe au célèbre James Bond, héros qu’il apprécie certainement beaucoup).

La scène s’ouvre sur un plateau plongé dans l’obscurité, et sur un groupe de danseurs immobiles face au public, perchés en haut d’une immense vague, qui n’est autre qu’une rampe de skateboard en bois installée pour l’occasion. De part et d’autre de cette rampe sont notamment installés des mannequins, qui se confondent avec les danseurs. Le spectacle commence lorsque chaque danseur a glissé en bas de la rampe, s’arrêtant directement dans une posture bien précise. La troupe de danseurs apparaît alors à la lumière, t est comme présentée aux spectateurs. Le mouvement qui est la base du travail de Nasser-Martin-Gousset se reflète donc au travers de la scénographie. Il a choisi une rampe sur laquelle les danseurs peuvent glisser, grimper, et effectuer de nombreuses cascades. Mais elle rappelle également le thème de l’eau puisque cette rampe s’apparente en effet à une gigantesque vague : c’était donc l’élément indispensable à la réalisation de ce projet.

Les danseurs se placent et se réunissent tout d’abord autour d’une table qui serait plutôt un bureau, puis ils changent de postures de manière saccadée et fluide à la fois. Tout le groupe ne fait presque qu’un. Vêtus en hommes et en femmes d’affaires, ils semblent tout droit sortis d’un film d’espionnage, comme nous le montre la photographie ci-dessous. Le groupe de danseurs ressemble en effet à un groupe d’espions, en plein travail. Le langage ici, est celui du corps, les danseurs ne parlent pas, ou très peu. Le spectateur comprend très vite que comme dans tous bons films d’action, il est question d’une « mission » à exécuter. Le chorégraphe réussit à créer en effet au travers du monde de la danse, une intrigue, une histoire, d’ailleurs un peu cliché : celle d’un groupe d’espions en mission, à la recherche d’une femme blonde. La particularité des danseurs est que du fait de leur métier, leur apparence physique correspond tout à fait à celle des agents secrets tel que nous pouvons nous les figurer. Le spectateur assiste à un vrai film d’espionnage muet : il assiste à l’entrainement des espions puis les suit dans l’exécution de leur mission. Les corps des danseurs en parfaite synchronisation, s’entrechoquent, se bousculent. La synchronisation des danseurs est telle que l’on croirait que l’on croirait presque qu’il s’agit non pas de danseurs mais de machines, de robots. La chorégraphie révèle une vraie violence se basant sur l’instinct et les pulsions (accentuée notamment par les effets de lumières et la musique).

(Dans ce spectacle énigmatique, le chorégraphe Nasser-Martin Gousset explore le mouvement et la fluidité du mouvement en mélangeant le monde de la danse , du cinéma et de la musique. Le titre choisit par le chorégraphe pour ce projet évoque bien d’une part le thème de l’eau notamment avec le naufrage et la dernière scène où les « héros » se retrouvent sur la plage. Mais on peut également y voir une ironie de la part de celui-ci, puisque contrairement à son titre Pacifique, cette création presque déjantée du chorégraphe est loin d’être aussi paisible : elle est au contraire pleine de violence, d’actions et de rebondissements. Le chorégraphe veut nous en mettre pleins les yeux, en captivant le spectateur comme si il était au cinéma devant ce qui serait un thriller poignant et intéressant à la fois. Nasser-Martin Gousset a monté ce projet avant tout pour se faire plaisir, et pour partager son amour de la danse, tout comme des polars).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire