Pendant que nous assistions à la représentation du Vrai Sang de Novarina le jeudi 6 Janvier, nous avons remarqué à quel point d'une part le texte avait des similitudes avec l'Acte Inconnu, et d'autre part nous nous sommes rendu compte que nos idées de mise en scène étaient parfois étroitement liées avec celles de Novarina. Nous nous sommes donc amusées à en faire la liste et à les comparer.
Tout d'abord la couleur: qui est à la fois très présente chez nous et très présente chez lui. Sous plusieurs formes. En effet, Novarina met en scène le Vrai Sang en costumant ses acteurs de couleurs chatoyantes et particulièrement vives, notamment de rouge bien sûr, il y de plus une grande harmonie entre les personnages, tout comme chez nous. Chez eux, la couleur rouge renvoie au titre de la pièce, donc au sang; tandis que chez nous les combinaisons blanches sont (au départ du moins) très neutres et nous défont de notre identité, ainsi cela renvoie au titre, nous devenons des inconnus. Mais cette couleur ne se limite évidemment pas aux costumes, car comme nous avons pu le remarquer, toutes les structures qui apparaissent sur le plateau au long de la pièce sont particulièrement colorées. Tout d'abord au travers de la peinture: il se crée un décor de fond lui-même qui est une gigantesque peinture représentant différentes séquences de la pièce, nous pouvons notamment y voir deux personnages qui s'embrassent qui peuvent être Marguerite et son chanteur, une femme sur un lit qui fait clairement penser à la femme sur son brancard, ou encore une femme avec la bouche ouverte qui crache un jet de sang. Ainsi, cela renvoie à notre travail puisque nous utilisons nous aussi la peinture afin d'exprimer nos paroles: nous représentons les monts, les rivières au travers de la peinture avec laquelle nous peignons une carte. Dans les deux cas, nous utilisons la peinture comme explication du texte: notre dessin, tout comme le sien, représente de manière différente, certes, ce qui se joue et se dit sur scène. D'autre part, la couleur intervient dans une seconde peinture, sur un triptyque représentant une île avec de la végétation, au milieu d'eau. Évidemment, cela nous rappelle notre carte, qui représente en l'occurrence la Grèce, entourée d'eau, ainsi le vert (symbole de la végétation), le bleu (symbole de l'eau) et le marron (symbole de la terre) sont tout aussi présents dans notre "oeuvre" que sur ce triptyque. Mais ce n'est pas tout, car tout comme nous, Novarina fait intervenir des objets colorés. Nous pouvons nous rappeler notamment de la scène avec les multiples bidons envoyés sur le plateau au milieu des comédiens qui ne manquent pas de nous évoquer nos bassines colorées.
Le corps est particulièrement important dans le théâtre Novarinien, car il permet d'exprimer la parole et de la faire ressortir de manière plus accessible et ludique aussi. Nous l'exploitons énormément en utilisant notre corps à la fois comme un pinceau et comme un objet en mouvement continu. Novarina en fait de même tout au long du Vrai Sang mais une scène nous a interpellées, il s'agit de celle où Manuel Le Lièvre danse différentes danses à toute allure et finit par s'étendre sur le sol de fatigue. Cela montre bien à quel point la danse est essentielle, car elle est déjà très présente dans le texte mais elle est aussi nécessaire pour le faire sortir du personnage. L'acteur à besoin de bouger, de danser, de sautiller, de bondir pour se débarrasser de son texte, comme pour le vomir. Nous sommes plutôt dans le mime ou dans la construction avec nos corps mais finalement, nous nous sommes dit qu'il s'agissait d'une forme de danse.
Le chant est très présent ici, sous forme de chorales joyeuses aux consonances bretonnes parfois, et cela fait écho d'une part à certains passages de l'Acte Inconnu qui sont "chantés" mais aussi à l'enchaînement que nous souhaitons faire entre Novarina et Eschyle. Nous avons pensé en voyant ces chorales qu'il serait très intéressant de s'en imprégner afin de former un choeur pour jouer Agamemnon. D'autre part, cela nous montre qu'il n'est pas nécessaire d'être dans une pièce écrite pour un choeur, ou encore dans une mise en scène archéologisante pour former un choeur chantant.
Enfin, nous avons été étonnées de voir la présence de cadres sur scène, avec des personnages à l'intérieur de ceux-ci. Ce qui est finalement très intéressant est que cela renvoie sans cesse au thème de la peinture, de la représentation. Nous nous employons à représenter un "homme de un" ou encore un "homme de nu", ainsi nous faisons une peinture de l'humanité au travers de nos cadres, au milieu de la peinture d'un "monde"; d'un espace, tout comme Novarina. Il dépeint l'étrangeté du monde et la diversité au milieu d'un nulle part puisqu'il donne à ses lieux les noms les plus farfelus. Nous avons pensé après avoir vu cette pièce que Novarina essayait peut-être finalement, aussi bien dans Le Vrai Sang que dans L'Acte Inconnu de dédramatiser le monde et les moeurs. Le dictionnaire disparaît pour laisser place à bon nombre de néologismes, le "monde" n'est plus que la représentation que l'on choisi de s'en faire et se résume à un ensemble farfelu et indéterminé. Tandis que personne n'a de nom "normal", et que tout le monde est coloré, à sa façon, sans jamais être plus "bizarre" ou différent tout simplement. Il unifie ses personnages à la fois très différents, tout comme nous le faisons, afin de réduire cette différence, de la rendre aussi banale que la normalité. Ce que nous voulons dire par là est que tout comme lui, nous unifions l'étrange et le banalisons. La couleur n'a plus rien de choquant dans un univers déjà très coloré, le nom de "Théantrope" non plus au milieu d'une Irma Grammatica, d'un bonhomme Nihil et d'une Femme de Pic.
En voyant cette mise en scène et en en comprenant les partis pris nous nous sommes rendus compte à quel point nous étions dans le texte et que nous étions parvenus à le comprendre. Ainsi, nous nous employons à le faire comprendre aux autres sous les même formes que Novarina lui-même, c'est-à-dire par le biais d'une mise en scène ludique, distrayante, colorée, et pas moins significative pour autant.
La peinture de fond:
Le corps est particulièrement important dans le théâtre Novarinien, car il permet d'exprimer la parole et de la faire ressortir de manière plus accessible et ludique aussi. Nous l'exploitons énormément en utilisant notre corps à la fois comme un pinceau et comme un objet en mouvement continu. Novarina en fait de même tout au long du Vrai Sang mais une scène nous a interpellées, il s'agit de celle où Manuel Le Lièvre danse différentes danses à toute allure et finit par s'étendre sur le sol de fatigue. Cela montre bien à quel point la danse est essentielle, car elle est déjà très présente dans le texte mais elle est aussi nécessaire pour le faire sortir du personnage. L'acteur à besoin de bouger, de danser, de sautiller, de bondir pour se débarrasser de son texte, comme pour le vomir. Nous sommes plutôt dans le mime ou dans la construction avec nos corps mais finalement, nous nous sommes dit qu'il s'agissait d'une forme de danse.
Le chant est très présent ici, sous forme de chorales joyeuses aux consonances bretonnes parfois, et cela fait écho d'une part à certains passages de l'Acte Inconnu qui sont "chantés" mais aussi à l'enchaînement que nous souhaitons faire entre Novarina et Eschyle. Nous avons pensé en voyant ces chorales qu'il serait très intéressant de s'en imprégner afin de former un choeur pour jouer Agamemnon. D'autre part, cela nous montre qu'il n'est pas nécessaire d'être dans une pièce écrite pour un choeur, ou encore dans une mise en scène archéologisante pour former un choeur chantant.
Enfin, nous avons été étonnées de voir la présence de cadres sur scène, avec des personnages à l'intérieur de ceux-ci. Ce qui est finalement très intéressant est que cela renvoie sans cesse au thème de la peinture, de la représentation. Nous nous employons à représenter un "homme de un" ou encore un "homme de nu", ainsi nous faisons une peinture de l'humanité au travers de nos cadres, au milieu de la peinture d'un "monde"; d'un espace, tout comme Novarina. Il dépeint l'étrangeté du monde et la diversité au milieu d'un nulle part puisqu'il donne à ses lieux les noms les plus farfelus. Nous avons pensé après avoir vu cette pièce que Novarina essayait peut-être finalement, aussi bien dans Le Vrai Sang que dans L'Acte Inconnu de dédramatiser le monde et les moeurs. Le dictionnaire disparaît pour laisser place à bon nombre de néologismes, le "monde" n'est plus que la représentation que l'on choisi de s'en faire et se résume à un ensemble farfelu et indéterminé. Tandis que personne n'a de nom "normal", et que tout le monde est coloré, à sa façon, sans jamais être plus "bizarre" ou différent tout simplement. Il unifie ses personnages à la fois très différents, tout comme nous le faisons, afin de réduire cette différence, de la rendre aussi banale que la normalité. Ce que nous voulons dire par là est que tout comme lui, nous unifions l'étrange et le banalisons. La couleur n'a plus rien de choquant dans un univers déjà très coloré, le nom de "Théantrope" non plus au milieu d'une Irma Grammatica, d'un bonhomme Nihil et d'une Femme de Pic.
En voyant cette mise en scène et en en comprenant les partis pris nous nous sommes rendus compte à quel point nous étions dans le texte et que nous étions parvenus à le comprendre. Ainsi, nous nous employons à le faire comprendre aux autres sous les même formes que Novarina lui-même, c'est-à-dire par le biais d'une mise en scène ludique, distrayante, colorée, et pas moins significative pour autant.
La peinture de fond:
Valentine, Jane, Laurine, Nataly.
Bravo ! C'est très bien de faire ce travail de comparaison et de rapprochement : c'est une manière très intelligente de rapporter votre expérience de spectatrices à votre expérience de création qui a parfaitement sa place dans le jdb créatif.
RépondreSupprimerOn en reparle jeudi.
On a vraiment de la graine à prendre de la manière de dire le texte des acteurs: peut être parce qu'on commence à apprivoiser l'univers de Novarina ça nous parait clair, mais là je recevais presque tout comme une fléchette dans ma tête (comme l'exercice au début de l'année). Sans surjouer, comme si cela leur était naturel, ils nous envoient la partition avec assurance, ça coule de source pour eux, ce qu'ils racontent ils semblent l'avoir devant les yeux (c'est ce mécanisme qu'on commence à intègrer) comme on raconterait quelque chose d'important qu'on a vu la veille à la télé, ou même dans la rue. Chronique d'une époque qui se défait comme une pelote de laine : le principe du Journal télé m'a frappé, car donnant le texte le plus simplement possible, ils nous font ressentir visceralement que quelque chose cloche. On touche du doigt ce que M. Dieudonné et Marc nous disent depuis le début ! Comme disent les filles, on voit à quel point on est "dedans".
RépondreSupprimer"On a vraiment de la graine à prendre de la manière de dire le texte des acteurs" : ah, ça !
RépondreSupprimerIl faut dire qu'ils sont fortiches, quand même !
De la graine aussi du corps exultant (la séquence de la danse !!)
Les machines à dire (ce que tu appelles "le principe du JT") : il y en a aussi dans notre Acte inconnu, mais dans l'acte II : à relire et ne pas oublier que le texte ne se limite pas au premier morceau que nous avons décidé de travailler.
D'une manière générale, Novarina récapitule beaucoup de choses déjà présentes dans l'Acte inconnu ou d'autres pièces comme les petites maisons par exemple ou comme certains "personnages" (bonhomme Nihil, chantre, etc) : c'est pourquoi vous avez pu percevoir autant d'échos avec notre pièce.