jeudi 3 mars 2011

Journal de bord du 3 mars 2011

Durant cette séance nous avons en première heure parlé du séjour, le temps libre là bas sera avant tout consacré au journal de bord afin de le peaufiner d'enlever ce qu'il y a en trop, d'approfondir et corriger ce qui doit l'être. Il ne faut pas négliger le journal de bord et le journal de bord créatif car c'est une trace de notre travail personnelle pour le jury. C'est un peu l'emprunte de notre investissement, recherche pour le plateau, pour le groupe, approfondissement d'un point particulier etc. ... Le journal de bord doit être un marque sincère d'investissement et doit être prit au sérieux car il aide le jury à nous évaluer. Bien que ca ne soit pas son seul but ca peut être une motivation. Le journal de bord est un complément aux cours théoriques et pratiques, c'est un outil qu'il faut considérer comme bénéfique, en effet on à pas tous les jours la possibilité d'exprimer nos idées sur un blog collectif. C'est une source d'informations qui peuvent et qui doivent nous nourrir d'une séance à une autre c'est pourquoi il est important d'y venir jeter un coup d'œil au moins une fois par semaine. Cela nous forge une culture plus recherché qui peut également nous aider sur le plateau comme sur les devoirs types bac, ou nous sommes invités à mentionner des références culturelles.


Nous avons poursuivi avec un exercice phare de Dario Fo. Plutôt comme un jeu, trois personnes mains dans le dos étaient dans un cercle chacune d'entre elle doit désigner l'endroit ou un objet à été caché mais sans parler et sans utiliser les mains à une autre personne qui ne connait ni la nature de l'objet ni sa position. Le petit plus c'est que sur ces trois personnes il n'y en a qu'une qui dit la vérité, le but étant de retrouver l'objet le chercheur doit trouver également la personne qui dit la vérité. De plus cet exercice est limité dans le temps et comme si l'objet s'agissait d'une bombe à retardement cela crée un effet d'urgence semblable à celle effectuée sur le plateau lors du passage du déséquilibriste avec l'entré des créatures. Hilarant pour ceux qui regardent l'exercice.
En effet les trois personnes se battent pour se faire entendre puis comprendre par le chercheur. Ils doivent captiver le chercheur au dessus des autres qui gesticulent et hurlent. La difficulté est surtout pour celui qui dit la vérité, il doit attirer l'attention du chercheur suffisamment longtemps pour lui expliquer l'endroit ou se trouve l'objet tout en résistant aux deux menteurs et dans l'urgence du temps. Il doit être imaginatif face aux incompréhensions du chercheur! Le chercheur lui doit prendre très au sérieux les indications qui lui sont données et se précipiter pour trouver l'objet avant la fin du temps. La pire des situations est lorsque le chercheur est juste devant l'objet mais ne le vois pas, comme par exemple lorsque l'objet était situé sous Laurine et que Morgane s'acharnait à le désigner sans qu'Alice ne parvienne à le trouver alors qu'elle se tenait devant Laurine. Il fallait donc être clair et persuasif pour que le chercheur s'intéresse à nous comme au théâtre pour que le spectateur s'intéresse à l'acteur. La parole doit filée droite vers l'objet, comme une flèche en pleine cible, c'est comme si la parole devait tracer sa propre trajectoire. Le chercheur lui devait faire preuve d'attention d'écoute et d'observation pour comprendre entendre et trouver l'objet en suivant la trajectoire de la parole de celui qui dit la vérité. Cet échauffement nous amène directement dans le langage du corps, l'accentuation de la gestuelle, des mouvements et sons du corps, tout ce qu'il faut pour Novarina et la figure de la marionnette avec la déformation du corps. Également nous introduisions dans cette séance une nouvelle tendance dans le travail Novarinien, celle de la parole et de la place qu'elle prend et qu'elle parcourt.



Nous avons ensuite reprit le travail sur Agamemnon en faisant une sorte de filage. Dans un premier temps les émissaires avec Valentine et Laurine qui ont beaucoup évoluées. Elles forment vraiment une unité, une forme souple qui s'enchaine naturellement même si la gestuelle reste à affirmer encore plus, sans pour autant rentrer dans l'exagération il faut accentuer et imager la parole par la gestuelle. Les déplacements ne doivent plus nous montrer l'effort en quoi ils consistent car sinon l'unité se perd. Il faut hacher les mots en nous les donnant à voir, il faut croire ce qu'on dit, elles doivent voir la guerre quand elles en parle et la ressentir car elles y ont été, elles en reviennent, d'une certaine manière elles y seront toujours.

Pour la scène des Clytemnestres nous avons eu le droit à une monté du niveau de jeu surtout au niveau du texte. Il faut se laisser le droit de respirer fortement en sonorisant et en l'affirmant. On avait resserré le passage avec les servantes pour obliger les filles à se dépasser les unes les autres comme un rouleau compresseur plutôt qu'un mur de femmes vengeresses. Il est interdit de reculer, c'est comme une machine destructrice en route qui ne peu plus repartir en arrière, la malédiction est mise en place, Clytemnestre ne reculera jamais devant son but. Mentalement cela donne quelque chose du "Je vais vous manger" Clytemnestre est digne, elle n'a pas peur elle ne se cache derrière l'autre, elle avance et d'une seule voix elle s'adresse à Agamemnon, aux citoyens, au chœur en tant que reine. Les filles agissent de manière plus cohérente les unes par rapport aux autres. Elles réagissent se sentent et comprennent les paroles de l'autre comme un cœur battant. C'est l'entrée de la reine qu'il faut trouver, entendre la menace, comme si elles étaient pousser par une chose vivante qui les portes au travers d'une musique lyrique. Un dieu? Le marionnettiste ?




Pour les Cassandre nous avons essayé une nouvelle forme complètement opposée à la proposition passé car elle ne fonctionnait pas, il fallait aller à l'opposer. Nous passions de la boule unie, à une solitude extrême. Dispatchées aux différents coins d'une cellule d'isolement, pour moi cette cellule s'apparente à la photo n°2 car Cassandre est prisonnière d'Agamemnon nous devions faire face à notre solitude... seule. D'abord c'est Amanda qui entre en cherchant sa place dans la pièce comme apeurée, une petite bête enfermé. Elle pousse un cri appuyé par les autres Cassandre et chacune à la suite entre discrètement presque invisiblement dans la pièce comme si Cassandre elle-même était une apparition. Nous n'existions pas les unes pour les autres en tant que Cassandre mais en tant que projection de son esprit comme si nous étions le propre fruit de ses visions! Chacune d'entre nous était libre d'interpréter sa propre Cassandre avec différentes affectations : tristesse, colère, peur ... Cet éloignement nous rendait plus entière et plus présente sur le plateau on ne pouvait plus se cacher derrière l'autre et on était réellement confronté à la même solitude que Cassandre. Cela nous mettait en valeur individuellement mais surtout cela nous aidait à trouver ce que ressent Cassandre. Comme des ombres notre robe noire nous confondait dans le rideau noir. Accentuant l'aspect spectrale de Cassandre n'étant plus que l'ombre d'elle même car elle a tout perdu.






Photographies: J'ai retrouvé des éléments qui m'ont fait retrouver le personnage de Cassandre tel que nous l'avion abordé durant cette séance.

1) Sur cette photo j'ai retrouvé le sentiment que j'ai eu lors de ma séance avec les Cassandre, je n'arrivais pas à bouger je me sentais prisonnière comme enchainée. Le personnage de Cassandre introduit cette notion naturellement car c'est une prisonnière de guerre et de plus elle est prisonnière d'elle même et de ses visons, de sa malédiction, c'est comme si Cassandre était prise au piège dans des liens qui se resserrent sur elle, plus elle se débat et plus elle accélère le processus. De plus les cordes, sont pour moi des sortes de liens comme ceux qu'ont les marionnettes, on voit qu'elle est manipulée par les dieux et qu'elle n'est pas maîtresse d'elle même. Sur cette photo on peut voir que Cassandre est ligotée, enchainée à son destin contre lequel elle se débat. On voit ici une forme de torture car elle est impuissante, elle ne peut pas bouger ni se défendre, elle subit ses visions. Cette photo relève de l'ordre du kidnapping de la torture et de la souffrance. Cela introduit aussi l'esclave sexuel qu'est Cassandre pour Agamemnon. On voit une crispation du corps comme si Cassandre était dans une transe délirante, tétanisant, douloureuse par sa violence. Les liens qui la maintiennent pourraient être assimilés aux liens qui empêchent les fous de se faire du mal lors de leurs transes. Cette photo introduit donc l'élément de la folie qui compose le personnage de Cassandre, cette folie vient ensuite se fondre dans la photo n°2, la cellule capitonnée.

2) La cellule capitonné, durant notre séance nous avons créé la boite noir qui devait être pour nous le lieu d'isolement de Cassandre, libre à nous de choisir les détails de cette boite. Pour moi la cellule capitonnée est représentative, elle constitue le décor de son lieu de vie. Comme une bête qu'on enferme, Cassandre est enfermée. La salle capitonnée est le signe d'une folie démesuré car on les capitons amortisse les coups que le malade pourrait se faire sur les murs. Un coté violant rentre alors dans cette pièce sans fenêtre et donc sans avenir, on réduit la vision, les sens en générale, une privation quasi totale de la perception réelle de la vie. En reproduisant cette salle on permet ainsi de faire venir des visions plus facilement, plus visiblement car complètement désorienté de la réalité, elle nous prive de nos sens et fait ressortir des émotions, des souvenirs qu'on peut facilement projeter dans un lieu vierge. C'est les lieux de l'intime, du privé on peut également y faire un rapprochement avec la virginité volé de Cassandre son innocence blanche perdu. La boite blanche, vierge et le meilleur moyen de créer des projections de l'inconscient.

3) Pour moi la photographie n°3 est la représentation d'un des visions que pourrait voir Cassandre, en effet ses visions sont peuplé de cadavre, ici c'est un foret de cranes blanc qui roulent vers elle. Elle est témoin impuissante de ces hécatombes qui jonchant le sol autour d'elle. Elle ne peut que contempler le malheur grandissant, dans ses visions Cassandre parle de morts par centaine, c'est sa cité Troyenne qui fut dévasté par les grecs dont elle avait prédit le sort dont il s'agit, ici roulent les cranes de tous ceux qu'elle avait prévenu du sort funèbre et qui par sa malédiction ne l'avaient pas cru.




Marine: Pour ma part le passage des Cassandre m'est apparu comme un ovni:

- Comment: Je ne savais pas de quel manière Cassandre était elle affectée lors de ma partition un mélange de colère et de tristesse, pas de peur mais du courage car elle fait face à ses propos, elle accepte. " Et que de cela je persuade ou non c'est du pareille au même... ce qui sera viendra"
Durant cet exercice j'ai senti une vague émotive monter, qui me tirait vers les larmes, ainsi qu'une vague de colère qui m'ordonnait de frapper le sol et les rideaux "plancher pourquoi tu nous supportes, cintres, plafonds ..." J'ai contrôlé car je savais que je n'aurai pas pu aller au bout de mon texte sinon car c'était trop fort, la je me suis rappelée la transe de Cassandre cet espèce de fil qui la tire vers le haut, qui la soulève avant de la laisser retomber brutalement, avec violence au sol.

- La parole: il fallait faire abstraction du publique, se faire croire qu'on était seule. Seule avec soi-même et qu'il n'y avait que nous pour entendre ce que nous allions dire, mais il fallait également extériorise pour que cela soit compréhensible, alors que quand on se parle a soi-même on a tendance à marmonner. La c'était le moment pour Cassandre de tout dire même si dans le livre elle parle au chœur, ici nous sommes seule et nous pouvons nous le dire sans crainte car on sait qu'on va se croire, comme une confidence faite à soi-même. "C'est bon tu peux y aller, il n'y à personne". La difficulté c'est de trouver le récepteur de l'annonce à qui je le dis puisque je suis seule du point de vue technique, ou je porte ma voix pour qu'elle ne s'adresse à personne mais à tout le monde.

-pourquoi: les autres étaient sur le plateau quand je suis rentrée je me suis mise dos à elle comme si je me mettais au coin, me punir moi même ou pour m'adresser aux murs comme si ils pouvaient m'entendre et transmettre ma fureur aux dieux. Pour moi c'était les murs les responsables c'était sur eux qu’il fallait que je crache mon venin. Comme si je maudissais les murs de ce palais. Je sentais la présence des filles derrière moi, mais je ne voulais pas les voir comme si elles me faisaient peur et qu'elles auraient pu ébranler mon courage de maudire ce palais. Sur le coup je n'ai pas trouvé ces réponses tout de suite je faisais c'est tout, sans réfléchir, sans choisir je laissais une Cassandre agir. "... ce qui sera viendra" Cette citation de Cassandre revient régulièrement pour qualifier son comportement, comme si il était inscrit dans la supposition et comme si elle le remettait entièrement aux mains du destin. Au contraire de Clytemnestre Cassandre ne planifie pas ses actes et se laisse emmener la ou le destin la guidera.



3 commentaires:

  1. La suite ! La suite !
    Attention : l'exercice proposé est "phare" et non "far" et n'est pas de Nono mais de Dario FO, ne pas confondre !
    Et ne pas oublier de commenter les choses et pas seulement de relater la séance : mais ce doit être pour la suite ;.)

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  2. C'est énorme déjà, on ne se rend pas compte quand on écrit. J'essaye de ne pas trop commenter pour pouvoir laisser Clémence commenter elle après. Donc les commentaires viendront à la fin je pense. Merci.

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  3. Durant la séance, le professeur et Marc nous ont proposé un exercice qui ma personnellement marqué: En effet, celui-ci consistait à mettre trois personnes sur le plateau ayant toutes les mains liées.Marc, désigne alors une personne qui doit durant l'exercice toujours dire la vérité (en utilisant seulement un moyen corporelle et un langage appelé "gromelot ")tandis que les deux autres doivent au contraire mentir. En effet, l'exercice consistant à faire trouver un objet à une autre personne se trouvant dans le couloir. La difficulté de l'exercice était donc pour la personne devant trouver l'objet de déceler la vérité grâce aux gestes proposés par la personne ayant été désigné pour cela. L'élève choisi par Marc alors au début de l'exercice doit savoir faire preuve de beaucoup de persuasion face aux deux autres élèves présentes sur le plateau. Selon moi, l'exercice proposé durant cette séance montrait alors un des aspects les plus importants du théâtre qui est de se faire comprendre grâce à notre corps et non par des paroles concrètes. Cela mettait en évidence que le théâtre est avant tout un moment de plaisir et de partage.


    Dans une seconde partie, nous nous sommes concentrés sur Agamemnon et plus précisément sur Cassandre. Le professeur nous a conseillé plusieurs voies de travail. Dans un premier temps, nous formions toutes un groupe mais le professeur à alors émis l'idée qu'il serait plus judicieux de travailler le personnage de Cassandre en "éclatement".
    Amanda, ayant la première partition, s'est présentée la première sur le plateau seule puis est venu mon tour, je me suis alors tout de suite imaginée l'environnement dans lequel je voyais Cassandre dans la pièce c'est-à-dire complètement isolé, enfermé, prisonnière... Je me suis donc imaginée la cellule et j'ai ressentie de plus en plus cette oppression du fait de l'enfermement et de l'isolement ce qui m'a alors complètement submergée et bouleversée. Voilà pourquoi il m'était donc difficile de jouer ce rôle puisqu'il était pour moi comme impossible de sortir de cette "cellule". Puis, les autres filles du groupe sont alors, chacune leur tour, arriver sur le plateau.
    Durant cette séance, le groupe : Jane, Amanda, Morgane, Agnès, Marine et moi avons beaucoup progressé et avec du recul et grâce à cette séance nous avons pu avec plus de facilité compris les objectifs qu'attendaient le professeur et Marc.


    Clémence

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