("Dealing With Clair", soit Claire en Affaire, est une pièce de Martin Crimp. Celle-ci raconte l’histoire de Claire, une jeune agent immobilier, qui est engagée pour vendre la maison londonienne d’un jeune couple, Mike et Liz. Celle-ci est achetée par James, un riche mais étrange quinquagénaire. Cette pièce est aujourd’hui mise en scène, en 2011 au théâtre de Sartrouville, par le metteur en scène Sylvain Maurice).
Tout d’abord, nous nous intéresserons à la représentation de la maison. Celle-ci est la reproduction d’un salon, celui de Mike et Liz. La pièce (le salon) est coupée en deux, en diagonale. Ce qui fait que nous avons une partie de la scène rehaussée : la maison, qui est mobile. Tandis que l’autre partie de la scène est celle une marche en dessous, sur le plateau véritable. C’est une information importante quand on considère sa mobilité et sa coupe.
En ce qui concerne le fait que la maison bouge (à plusieurs reprises durant le déroulement de la pièce), cela permet au spectateur de reconsidérer la scénographie, soit la maison. En effet, la maison change d'angle environ quatre fois, ce qui nous offre de nouvelles perspectives. Elles renouvellent le regard du spectateur, comme si nous avions plusieurs points de fuite dans un même tableau, ou encore à la manière d'un changement de point de vue d'une caméra. Cela permet de nous donner à voir l'ambigüité de la pièce et par la même occasion celle des personnages. Lorsque nous avons parlé de l'ambigüe banalité dans la pièce, nous pensions surtout aux personnages. En effet, Mike et Liz se présentent tout de suite comme un couple très ordinaire. Ceux-ci cherchent à vendre leur maison, et de façon "la plus honorable qui soit". Ils manifestent pour Claire une réelle sympathie. Néanmoins, à l'épreuve de la transaction, ils foulent leurs principes moraux. C'est une situation gênante pour le spectateur, car les personnages qui, au départ, étaient les plus proches du public, les plus normaux, les plus « humains », se révèlent être les personnages les plus négatifs. Ils ne souhaitent au final que vendre leur maison le plus cher possible. Cette révélation est en accord avec la représentation de celle-ci : elle est « pourrie ». Au fur et à mesure, nous découvrons que la maison à de nombreuses failles, comme la tâche et le rebord de la fenêtre. Ces failles représentent les failles au sein même des personnages de Mike et Liz. Le réparateur de la fenêtre parlera même des fondation de la maison qui sont apparemment complètement abimées, et nous pouvons réemployer le terme de pourri. Ainsi, c'est le représentation de Mike et Liz, et même la représentation du leur couple en lui-même. Celui-ci nous apparait ainsi fragilisé, et reposant sur des mauvaises fondations. Cela nous conduit à parler du personnage d'Anna, qui se promène la plupart du temps déshabillée, en chemise de nuit. Celle-ci est le symbole du loup dans la bergerie. C'est la tentation perpétuelle de Mike, qui a besoin de celle-ci pour avoir des rapports avec sa femme. Cela renforce l'idée de la malsainité qui règne dans le couple. Celui-ci est en parallèle avec un autre « couple » dans la pièce, qui est celui-ci de Claire et James. Ce duo semble au départ celui qui est le moins proche de nous, et pourtant, au fil de la pièce, il s’humanise. Notamment, le personnage de James, qui est le plus étrange, est finalement celui-ci qui incarne le plus de valeurs. Il émet des principes auxquels Mike et Liz ne se tiennent pas. Il a un regard libertaire qui attire Claire. Ceux-ci se projettent dans la maison. Ils représentent le couple le plus marginal, mais finalement le plus humain de la pièce. Quant au personnage de James, il est sans doute le plus intéressant car il est à la fois le plus « fou », mais aussi, par moment, celui auquel on s’identifierait le plus. Nous ne sommes pas dans un théâtre de figures, comme dans les contes, ou une princesse serait la plus belle du monde et la plus généreuse et ou le prince serait le plus courageux de tous les princes, au contraire. James a un côté enfantin, qui ne comprendrait pas le monde dans lequel il vit. Comme un enfant qui aurait oublié de grandir.
Ensuite, lorsque l’on étudie la coupe de la maison et le jeu qui existe entre l’intérieur et l’extérieur du salon, on voit que celle-ci combine les deux aspects les plus présents dans la pièce : la banalité et l’étrangeté. Cela casse le trop-plein de réalisme dans la pièce (le metteur en scène emploiera même le terme de « naturalisme »). Nous avons d’une part la vraisemblance du salon, et d’autre part, cette marche qui décale le réalisme pour nous rapprocher vers cette étrangeté qui grandit. C’es un jeu sur le dedans et le dehors. Cette marche nous permet aussi de prendre du recul, non par pour nous mettre à distance ou pour mettre la pièce dans une réalité qui ne serait pas la notre, à la manière d’un roman fantastique ou d’un conte, mais davantage pour mettre le spectateur en position de voyeurisme. La coupe du salon nous montre que nous regardons l’intérieur d’un foyer, comme un spectacle. Nous contemplons leur quotidien, et par la suite, nous assisterons aux « évènements plus dramatiques » qui vont survenir dans la pièce.
En ce qui concerne la disparition de Claire, la pièce nous met dans une position plutôt étrange. Elle nous met mal à l’aise. C’est notamment cette disparition qui révèlera le « véritable visage » de Mike et de Liz. Tout le monde rejette le sujet, ce qui créé une ambigüité sur cette disparition. A aucun moment, nous savons si Claire s’est faite tuer ou si elle est tout simplement partie de son plein gré. Les deux chemins sont possibles. Effectivement, durant la pièce, on voit que Claire est seule, dans un appartement sur le bord d’une voie de chemin de fer. Elle vit seule. On constate dans ses propos un désir de partie très loin, notamment lorsqu’elle jouera aux cartes avec James. Des « fausses pistes » sont lancées pour laissé le doute planer. Au contraire, la voie que tout le monde prend est celle du meurtre de Claire par James. On remarque dans la pièce une sorte de plaisir qu’on les personnages à penser à cette mort. Ce n’est pas tant un plaisir mais plutôt un fantasme qu’ont les personnages à penser à cette mort. Ils fantasment sur la mort de Claire. Ce que nous dit Martin Crimp, c’est que la société prend plaisir a parler des faits divers, notamment dans les journaux, comme si celle-ci prenait plaisir à entendre des histoires sordides. Une fois encore nous pouvons parler de voyeurisme, mais cette fois c’est bien un voyeurisme malsain qui est ici dénoncé. Quoi qu’il en soit, cette disparition agit comme un révélateur en ce qui concerne les personnages.
Dans cette pièce, comme nous l’avons démontré, nous sommes face à une étrangeté grandissante, qui prend peu à peu le pas dans la pièce. Cela nous place dans un univers étrange, qui nous fait parfois rire, mais aussi qui fait peur. Au travers de la mise en scène, cette peur est très bien retranscrite, à la fois par la banalité de la scénographie, qui place la pièce dans un quotidien tout ce qu’il y a de plus ordinaire, et à la fois par la bizarrerie de la pièce, et par le dérangement qu’elle occasionne. Elle met mal à l’aise le spectateur, qui assiste à un évènement relativement « courant », mais qui assiste également au réactions de Mike et Liz, qui sont finalement des réactions humaines et « ordinaires », que chacun d’entres nous pourrions avoir.
Tout d’abord, nous nous intéresserons à la représentation de la maison. Celle-ci est la reproduction d’un salon, celui de Mike et Liz. La pièce (le salon) est coupée en deux, en diagonale. Ce qui fait que nous avons une partie de la scène rehaussée : la maison, qui est mobile. Tandis que l’autre partie de la scène est celle une marche en dessous, sur le plateau véritable. C’est une information importante quand on considère sa mobilité et sa coupe.
En ce qui concerne le fait que la maison bouge (à plusieurs reprises durant le déroulement de la pièce), cela permet au spectateur de reconsidérer la scénographie, soit la maison. En effet, la maison change d'angle environ quatre fois, ce qui nous offre de nouvelles perspectives. Elles renouvellent le regard du spectateur, comme si nous avions plusieurs points de fuite dans un même tableau, ou encore à la manière d'un changement de point de vue d'une caméra. Cela permet de nous donner à voir l'ambigüité de la pièce et par la même occasion celle des personnages. Lorsque nous avons parlé de l'ambigüe banalité dans la pièce, nous pensions surtout aux personnages. En effet, Mike et Liz se présentent tout de suite comme un couple très ordinaire. Ceux-ci cherchent à vendre leur maison, et de façon "la plus honorable qui soit". Ils manifestent pour Claire une réelle sympathie. Néanmoins, à l'épreuve de la transaction, ils foulent leurs principes moraux. C'est une situation gênante pour le spectateur, car les personnages qui, au départ, étaient les plus proches du public, les plus normaux, les plus « humains », se révèlent être les personnages les plus négatifs. Ils ne souhaitent au final que vendre leur maison le plus cher possible. Cette révélation est en accord avec la représentation de celle-ci : elle est « pourrie ». Au fur et à mesure, nous découvrons que la maison à de nombreuses failles, comme la tâche et le rebord de la fenêtre. Ces failles représentent les failles au sein même des personnages de Mike et Liz. Le réparateur de la fenêtre parlera même des fondation de la maison qui sont apparemment complètement abimées, et nous pouvons réemployer le terme de pourri. Ainsi, c'est le représentation de Mike et Liz, et même la représentation du leur couple en lui-même. Celui-ci nous apparait ainsi fragilisé, et reposant sur des mauvaises fondations. Cela nous conduit à parler du personnage d'Anna, qui se promène la plupart du temps déshabillée, en chemise de nuit. Celle-ci est le symbole du loup dans la bergerie. C'est la tentation perpétuelle de Mike, qui a besoin de celle-ci pour avoir des rapports avec sa femme. Cela renforce l'idée de la malsainité qui règne dans le couple. Celui-ci est en parallèle avec un autre « couple » dans la pièce, qui est celui-ci de Claire et James. Ce duo semble au départ celui qui est le moins proche de nous, et pourtant, au fil de la pièce, il s’humanise. Notamment, le personnage de James, qui est le plus étrange, est finalement celui-ci qui incarne le plus de valeurs. Il émet des principes auxquels Mike et Liz ne se tiennent pas. Il a un regard libertaire qui attire Claire. Ceux-ci se projettent dans la maison. Ils représentent le couple le plus marginal, mais finalement le plus humain de la pièce. Quant au personnage de James, il est sans doute le plus intéressant car il est à la fois le plus « fou », mais aussi, par moment, celui auquel on s’identifierait le plus. Nous ne sommes pas dans un théâtre de figures, comme dans les contes, ou une princesse serait la plus belle du monde et la plus généreuse et ou le prince serait le plus courageux de tous les princes, au contraire. James a un côté enfantin, qui ne comprendrait pas le monde dans lequel il vit. Comme un enfant qui aurait oublié de grandir.
Ensuite, lorsque l’on étudie la coupe de la maison et le jeu qui existe entre l’intérieur et l’extérieur du salon, on voit que celle-ci combine les deux aspects les plus présents dans la pièce : la banalité et l’étrangeté. Cela casse le trop-plein de réalisme dans la pièce (le metteur en scène emploiera même le terme de « naturalisme »). Nous avons d’une part la vraisemblance du salon, et d’autre part, cette marche qui décale le réalisme pour nous rapprocher vers cette étrangeté qui grandit. C’es un jeu sur le dedans et le dehors. Cette marche nous permet aussi de prendre du recul, non par pour nous mettre à distance ou pour mettre la pièce dans une réalité qui ne serait pas la notre, à la manière d’un roman fantastique ou d’un conte, mais davantage pour mettre le spectateur en position de voyeurisme. La coupe du salon nous montre que nous regardons l’intérieur d’un foyer, comme un spectacle. Nous contemplons leur quotidien, et par la suite, nous assisterons aux « évènements plus dramatiques » qui vont survenir dans la pièce.
En ce qui concerne la disparition de Claire, la pièce nous met dans une position plutôt étrange. Elle nous met mal à l’aise. C’est notamment cette disparition qui révèlera le « véritable visage » de Mike et de Liz. Tout le monde rejette le sujet, ce qui créé une ambigüité sur cette disparition. A aucun moment, nous savons si Claire s’est faite tuer ou si elle est tout simplement partie de son plein gré. Les deux chemins sont possibles. Effectivement, durant la pièce, on voit que Claire est seule, dans un appartement sur le bord d’une voie de chemin de fer. Elle vit seule. On constate dans ses propos un désir de partie très loin, notamment lorsqu’elle jouera aux cartes avec James. Des « fausses pistes » sont lancées pour laissé le doute planer. Au contraire, la voie que tout le monde prend est celle du meurtre de Claire par James. On remarque dans la pièce une sorte de plaisir qu’on les personnages à penser à cette mort. Ce n’est pas tant un plaisir mais plutôt un fantasme qu’ont les personnages à penser à cette mort. Ils fantasment sur la mort de Claire. Ce que nous dit Martin Crimp, c’est que la société prend plaisir a parler des faits divers, notamment dans les journaux, comme si celle-ci prenait plaisir à entendre des histoires sordides. Une fois encore nous pouvons parler de voyeurisme, mais cette fois c’est bien un voyeurisme malsain qui est ici dénoncé. Quoi qu’il en soit, cette disparition agit comme un révélateur en ce qui concerne les personnages.
Dans cette pièce, comme nous l’avons démontré, nous sommes face à une étrangeté grandissante, qui prend peu à peu le pas dans la pièce. Cela nous place dans un univers étrange, qui nous fait parfois rire, mais aussi qui fait peur. Au travers de la mise en scène, cette peur est très bien retranscrite, à la fois par la banalité de la scénographie, qui place la pièce dans un quotidien tout ce qu’il y a de plus ordinaire, et à la fois par la bizarrerie de la pièce, et par le dérangement qu’elle occasionne. Elle met mal à l’aise le spectateur, qui assiste à un évènement relativement « courant », mais qui assiste également au réactions de Mike et Liz, qui sont finalement des réactions humaines et « ordinaires », que chacun d’entres nous pourrions avoir.
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