mercredi 8 décembre 2010

Extraits d'analyses Ithaque Strauss/Martinelli Nanterre et Klaxon Fo/Prin Nanterre

Klaxon, trompettes et pétarades

Le jeu des comédiens est avant tout clownesque, très grotesque, très exagéré, c'est un jeu de cirque, de cartoons déjantés de par les mimiques, les gestes des comédiens ou par l'enchaînement successif de leurs actions. Ils portent des masques, des faux nez, des perruques, des pommettes gonflées (renvoi au maquillage du clown très abusif, démesuré) ce qui accentue donc ce côté clownesque. Tout ceci est digne de la Commedia dell'Arte, genre théâtral populaire italien apparu avec les premières troupes de comédie avec masque et dont les thèmes principaux sont représentés dans la pièce comme le comique gestuel et les quiproquos. De plus l'idée du cirque et notamment du clown renvoie directement au titre "Klaxon, trompettes et pétarades" avec l'idée du bruit, de l'éclatement etc. Cependant toute cette mascarade cache la triste réalité de l'époque en Italie durant les "années de plomb" (1970-1980) basées sur la lutte des classe et l'affaire Aldo Moro.
La chanson que les comédiens interprètent tous ensemble sert de transition dans la pièce, elle parle d'amour, on pourrait presque penser qu'il s'agit d'un chant patriotique, d'un hymne et est de loin le seul moment poétique de la pièce qui paraît vrai par rapport à toute la folie (scénographie, décors, jeu des comédiens) qui l'entoure.




Ithaque

La scénographie repose sur des éléments
(décors, couleurs) froids, métalliques. D'une part à cause d'un rideau de fer, assez récurrent dans la pièce, d'autre part à cause de cet énorme escalier mobile qui occupe toute la largeur du plateau. Grâce à cette mobilité, le plateau change à son gré (escalier qui avance et recule ou rideau en cotte de maille qui se baisse par exemple). Les couleurs jouent aussi un rôle très important et accompagnent la scénographie. Souvent grises, noires, bleues foncées, blancs, elles accentuent la froideur de la mise en scène ainsi que le jeu des lumières (plateau sombre avec feu lors des retrouvailles entre Ulysse et Pénélope ou encore plateau très éclairé au début du spectacle). L'énorme flaque d'eau sur le devant du plateau est toujours présente et peut suggérer plusieurs interprétations comme le rêve ou l'évasion mais elle est aussi le seul élément qui nous fait revivre ou qui retrace le voyage d'Ulysse en pleine mer. Lorsqu'un personnage patauge dans cette eau, des ombres se propagent sur les murs. Au début du spectacle, nous sommes complètement transportés sur ces eaux, plongés dans l'action. Nous pouvons interpréter les reflets sur les murs comme si nous étions "sous l'eau" ou simplement les compagnons d'Ulysse qui ont péri.
Le metteur en scène utilise souvent des "effets spéciaux" parfois un peu kitsch mais spectaculaires et agréables à voir (spectre d'Athéna ou encore concours de tir à l'arc avec feux d'artifices). Le metteur en scène s'en sert afin d'insérer de la modernité dans la pièce. Les métamorphoses contribuent aussi au spectaculaire mais elles peuvent aussi parfois être grotesque notamment celle Zeus, dieu TRÈS puissant, qui parle à travers un arbre. Cela désacralise ce personnage car pour le metteur en scène la présence divine la plus importante est celle d'Athéna, ainsi il fait abstraction des autres dieux beaucoup moins présents dans la pièce.

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