jeudi 14 octobre 2010

Extrait d'analyse de spectacle: Pacifique M/S Martin-Gousset Apostrophe


Pacifique, de Nasser Martin-Gousset.


Contrairement à toutes les autres pièces de théâtre que nous avons vus, celle-ci est très différente. Premièrement ce n’est pas une pièce de théâtre puisque c’est de la danse, cependant bien que ce soit essentiellement de la danse, comédie et théâtralité sont présentes. Le spectateur est plutôt surpris par la scénographie: devant nous, sur le plateau est posé uniquement une grande vague en bois, cette vague rappelle alors l’idée du titre « pacifique ». Cette vague en bois nous rappelle et nous renvoie donc à la mer, l’océan. Le thème le plus récurrent est celui de la mort, en effet plusieurs éléments, objets, décors et déplacements font que ce thème est très souvent mis en avant. Le metteur en scène a surtout utilisé le thème de James Bond pour se guider dans sa démarche. En effet, nous retrouvons tout ce qui rappelle James Bond: les armes à feux, les cascades, les clowns, les mannequins et même la musique. Dans un premier temps nous pouvons analyser et nous concentrer sur la scénographie et ce qu’elle apporte sur scène et à la représentation. Comme nous l’avons déjà dit, l’immense vague représentée en plein milieu du plateau (qui est d’ailleurs le seul grand décor) se réfère aux vagues de la mer donc au pacifique. Mais cette vague apporte également l’idée de naissance ou renaissance. C’est un décor dans lequel les danseurs peuvent glisser, ainsi il y a le rapport à la vague de l’eau sur laquelle on glisse dessus mais également au glissement qu’effectue l’enfant pour sortir du corps, ventre de sa mère. Mais beaucoup d’autres éléments se cachent derrière ce décor, comme le dit Martin-Gousset pour lui ce décor, vide et grand, est comme une grande page blanche sur laquelle on peut dessiner. De plus, nous avons pu remarquer qu’ici la relation à la fiction et au cinéma est extrêmement importante et présente: en effet, les corps des danseurs sont quelques fois comme des robots, ainsi le spectateur se demande s’il est dans un milieu réel ou de fiction. Avec le graphisme des corps, la précision de leur geste et le décor cette représentation se place dans celle de l’image. Il n’y a que par l’image que l’action se comprend. Dans un premier temps comme nous l’avons vu, ce n’est pas une pièce de théâtre puisque c’est de la danse et ce sont les corps qui nous parlent. Ainsi ici, tout se dit et se comprend par la gestuelle des danseurs et par l’image qu’ils nous donnent. Simonide de Céos disait « La danse est une poésie muette », avec cette citation nous pouvons directement faire un lien entre la danse et la parole: en effet, dans le théâtre il n’y a pas que la parole qui est importante, qui conte et qui dit: la présence du corps du comédien et ses gestes le sont tout aussi. C’est donc par le corps et les mouvements que se crée l’histoire de Pacifique. Mais ce n’est pas tout, Corneille disait que c’est à travers la fiction qu’apparaît le réel, et que la vérité fait surface. Ainsi, ici grâce à cette vague et à la fiction que forment les corps, mais avec la fiction même du théâtre, le metteur en scène permet de plonger son spectateur dans une ambiance de fiction pour mieux comprendre le réel. Notamment, nous pouvons prendre l’exemple des armes à feux: comme le disait Nasser Martin-Gousset, lui-même lors de l’entretien, ces armes apportent deux univers totalement opposés mais très important à la fiction et à la compréhension. Premièrement le révolver apporte au corps une tension qu’il n’a pas sans cet objet-ci, le corps subissant une tension il devient alors plus dynamique. Le révolver apporte également le sujet de la menace et de la protection de soi-même. L’arme apporte donc ici ce côté dangereux et interdit comme dans les fictions ou les films, cependant l’omniprésence de cette arme pendant toute la durée de la représentation, fait qu’il y a une dédramatisation de l’objet. Le spectateur ne conçoit plus cette objet comme dangereux mais plutôt comme un outil de travail afin de créer la pièce et créer cette ambivalence entre le réel et la fiction. Ainsi, il représente presque un jouet et retire donc toute la tension et la réalité que contient cette objet dans la vie réelle lorsqu’il est utilisé. De plus, en utilisant les armes à feux sans cesse, le metteur en scène à choisi de ne pas brusquer ou choquer son spectateur; cependant derrière ce « masque » se cache la dure réalité d’un monde de guerre, ou justement le drame existe. C’est souvent au travers du ridicule et du rire que les hommes font passer les plus sombres fléaux de la vie et du monde, je pense qu’ici c’est ce qu’à chercher à montrer Nasser Martin-Gousset. Enfin, il y a un autre décor qui vient confirmer cette idée de fiction: sur les deux côtés de la vague et du plateau, il y a des mannequins exposés. Ces mannequins sont présents tout au long de la représentation, ils sont présents afin d’incarner la fiction, l’irréel mais sur tout la mort. Dans James Bond le thème de la mort, du danger est récurent, avec la présence des mannequins ce thème est alors mis en place. Ces mannequins ont une valeur figurative qui de plus crée un ambivalence entre le vrai et le faux, la vie et la mort. Cette représentation de danse a donc plusieurs thèmes qui y sont évoqués: la mort, le danger, la fiction, l’eau et le pacifisme. (Qui se réfère au titre) Un autre point que nous pouvons aborder c’est celui du pacifisme. Cette représentation de danse est avant tout une critique en vers la violence. En effet, de nos jours la violence de toute sorte est présente et souvent tabou. Martin-Gousset à donc chercher à critiquer ce pacifisme par plusieurs moyens. D’un part grâce aux armes à feux le thème de la violence et du danger est omniprésent. Comme nous l’avons vu antérieurement, l’omniprésence des armes fait qu’elles sont dédramatiser, du coup le spectateur n’est plus surpris par celles-ci: c’est un peu ce qui se passe dans la vie réelle avec le pacifisme. Les armes sont tellement présentes dans les gangs, ou durant la guerre, que certaines personnes ont pris l’habitude de voir ces armes sans même se rendre compte du danger qu’elles peuvent apporter. Je pense surtout aux Etats Unis ou les armes sont autorisés. Dans certains pays elles sont interdites, mais dans ce pays presque tous les habitants possèdent une arme chez lui. Ainsi ces phénomènes de société font que tout est dédramatisé, ainsi dans cette mise en scène Martin-Gousset cherche à faire comprendre à son spectateur qu’il ne faut pas prendre à la légère la possession d’une arme. De plus, le révolver vient ici ajouté ce thème de la mort: une personne possédant une arme possède le « droit » de vie ou de mort sur une personne. Ainsi, en utilisant cet objet à tout bout de champ il permet de faire comprendre implicitement qu’au fond c’est un réel danger. De plus, depuis le début nous pouvons voir qu’en réalité il n’y a pas réellement de rapport entre le titre du spectacle et l’histoire qu’elle raconte: en effet nous sommes pas vraiment au cœur d’un pacifique, sur un bateau ou dans l’eau, nous sommes plutôt sur terre en train de nous battre pour obtenir ce que nous voulons. Ceci-dit là ou il y a un rapport entre tout cela, c’est que dans chaque James Bond du cinéma la relation avec l’eau est toujours présente. C’est cependant plus vers le final qu’enfin nous assistons à des actions qui se rapportent au thème de l’eau: les danseurs sont sur un paquebot et ils s’échouent. Ainsi ils se retrouvent à la mer, cependant c’est bientôt la fin de la représentation, du coup nous pouvons suggérer l’idée que c’est lorsque nous arrivons sur mer, à destination, et sur une île desserte que tous les problèmes sont réglés. En effet, à la fin les danseurs ne sont plus en tenu de costar, très chic et classe, mais ils sont en maillots de bain, ainsi ils ont effectué leur mission. Le titre donc Pacifique est essentiellement un titre qui se réfère à la libération d’une pression sociale que peuvent subir les agents (secrets ici), mais aussi au pacifisme comme nous l’avons dors et déjà étudié. Ainsi, les costumes sont très révélateurs de l’action comme de l’histoire. Après avoir parler de la scénographie, des décor et des costumes, nous pouvons nous intéresser aux danseurs et sur tout au nombre qu’ils sont. Nous savons qu’il y a 13 danseurs sur scène, pour Martin-Gousset ce nombre n’est pas choisi au hasard. En effet, après l’entretien, nous comprenons qu’en faite ce nombre se réfère à la Bible: notamment à Christ et ses 12 apôtres. Cependant, le chiffre 13 est aussi joint au chiffre de la mort et de la renaissance. C’est donc un autre thème qui vient surgir ici, le spectateur comprend qu’il y a un jeu entre la fiction et le réel (comme nous l’avons déjà expliqué), les danseurs se tirent dessus sans réellement mourir, puisqu’ils se relèvent aussi tôt. C’est donc le côté enfantin et dédramatisé qui vient encore une fois s’imprégner. La référence au Christ pourrait nous faire penser à l’idée de la renaissance, comme nous l’avons dit. Ce que je veux dire, c’est que si nous croyons au Christ et à ce qu’il est dit dans la Bible, alors nous pouvons rejoindre le Christ aux danseurs: en effet ceux-ci ne meurent jamais même après avoir reçu des balles dans le corps. Il y a donc un côté « show » du cinéma qui est présent, mais l’idée de la renaissance et de l’immortalité viennent s’ajouter également.


A travers cette analyse, nous avons pu développer plusieurs éléments clefs pour comprendre ce spectacle de danse. Bien que le thème principal soit celui de James Bond, au fond de tout cela se cache une réelle critique de la société et de ce qui nous entoure. En effet, Martin-Gousset chercher à créer chez son spectateur un peu de pacifisme envers toute cette violence, mais dans le seul but que lorsqu’il se réveille il se rende compte des actes et du danger de cette violence. Il essaye donc de créer comme un électrochoc chez son spectateur. Quelques fois il est plus facile de se rendre compte des choses implicitement qu’explicitement. Ainsi c’est un spectacle qui, au premier abord ne semble pas être une critique de la société, mais si on essaye de dégager les pistes de travail et ce que les corps nous amènent, on se rend vraiment compte de ce qui se cache derrière toute cette mise en scène. 

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